Tous les yeux seront tournés vers l’Assemblée mondiale de la santé, qui tiendra une session extraordinaire à Genève, à partir du 29 novembre

Qui a lu ou écouté le discours du Trône cette semaine ? Un non-évènement pour certains, voire pour de nombreuses personnes. Ce qui est notoire dans ce discours est que le contrôle de la pandémie est la priorité absolue, autant ici qu’ailleurs dans le monde, une reconnaissance tacite de vases communicants.

Également cette semaine, les deux coprésidentes du Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie ont lancé un rapport sur l’état d’avancement de la lutte contre la COVID-19 à la suite du rapport présenté en mai à l’Assemblée mondiale de la santé, « Perdre du temps ».

Force est de constater que la riposte internationale à la COVID-19 est grotesque et tragiquement trop lente, trop peu en action et fragmentée.

Pour preuve, l’Assemblée générale des Nations unies, suivie de la réunion du G20 cet automne, ont été le théâtre de promesses de dons généreux de chefs d’État sans plan d’action concret.

Quant au G20, il a accouché d’une souris avec une proposition de groupe de travail des ministres de la Santé et des Finances de différents pays pour se pencher sur le financement de la préparation et de la réponse aux pandémies. Aujourd’hui, tous les yeux seront tournés vers l’Assemblée mondiale de la santé, qui tiendra une session extraordinaire à Genève, à partir du 29 novembre.

Pour récapituler, aucune des recommandations à court terme du Groupe indépendant n’a été pleinement mise en œuvre. Au mieux, elles sont demeurées sujets de débat pour un objectif à atteindre, notamment la distribution d’un milliard de vaccins contre la COVID-19 aux pays à faibles et moyens revenus, l’octroi de licences volontaires et de transferts de technologie pour les vaccins contre la COVID-19 et la compensation pour le financement du dispositif d’accélération de l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (l’Accélérateur ACT).

Dans les six derniers mois, se sont ajoutés quelque 1,65 million de morts dus à la COVID-19 et 90 millions de personnes infectées, soit un tiers des décès et des infections depuis le début de la pandémie.

Faire des gestes concrets

Le Canada a promis de distribuer 50 millions de doses de vaccins et l’équivalent de 200 millions de doses au total. Jusqu’à maintenant, le Canada n’a livré que près de 8 millions de doses, dont une grande partie dans les dernières semaines. Ce dernier coup d’accélérateur doit se maintenir.

Sans vouloir dédouaner le Canada de ses engagements, il n’a pas vraiment à rougir de sa participation à l’effort de guerre international. Il a tout de même mobilisé plus de 2,5 milliards de dollars en aide internationale en réponse à la pandémie.

Lisez l’information sur l’aide internationale (site web du gouvernement du Canada)

Donc, à la session extraordinaire de l’Assemblée mondiale de la santé la semaine prochaine, le Canada a toute la légitimité pour en demander plus à ses pairs, avec des gestes concrets pour mettre fin rapidement à cette pandémie :

  • en poussant les pays à s’assurer que les doses promises soient non seulement livrées le plus rapidement possible sur les tarmacs des aéroports, mais dans les bras des gens en donnant un calendrier clair de livraison, avec de longues dates de péremption ;
  • en épaulant et en facilitant la production de vaccins, de tests diagnostiques et de traitements en temps de pandémie comme biens publics mondiaux, y compris le soutien temporaire à la dérogation sur la propriété intellectuelle (pour lequel le Canada s’oppose toujours) ;
  • en s’assurant qu’un traité sur les pandémies proposé par les États membres de l’Assemblée mondiale de la santé soit entamé. Un traité qui prépare concrètement les pays membres aux menaces sanitaires, qui donne des outils légaux pour renforcer l’obligation des pays à déclarer une épidémie et à accepter les investigations indépendantes, notamment en cas de maladie infectieuse émergente. Un traité qui assure l’accès équitable et abordable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics pour lutter contre les pandémies.

En finir avec les paroles creuses

L’Assemblée mondiale de la santé ne peut pas être un autre rassemblement chorégraphié avec de belles paroles creuses pendant que la COVID-19 continue de muter et de faire des ravages partout sur la planète, forçant notamment cette semaine plusieurs pays d’Europe à remettre en place des mesures sanitaires et à accélérer le pas vers les doses de rappel contre la COVID-19 pour sa population pendant que plus de 3,5 milliards de personnes attendent toujours leur première dose de vaccin.

Ne pas accoucher d’un traité sur les pandémies et d’actions concrètes à mettre en œuvre rapidement serait tout simplement un suicide collectif à ce stade de la pandémie.

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