En réponse au texte de Claudel Pétrin-Desrosiers sur la santé environnementale dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, « Un parc nature ou de l’asphalte ? »*, publié le 11 novembre

Montréal est l’une des plus importantes villes portuaires d’Amérique du Nord. La réalité géographique de notre position stratégique a fait naître une grande industrie de la manutention et du transbordement. Pour connecter nos entreprises québécoises au reste du monde il faut passer par le Port. Encore faut-il pouvoir s’y rendre, puisque la circulation y est dense, surtout aux heures de pointe, durant lesquelles camions, automobilistes et cyclistes y circulent pouce par pouce. Réduire les embouteillages est donc non seulement souhaitable, mais possible.

Je ne propose pas une nouvelle autoroute, loin de là, mais bien de développer de façon logique le secteur du Port de Montréal. C’est précisément ce que souhaite faire Ray-Mont Logistiques en déplaçant ses activités opérations à seulement quelques mètres du Port.

Ray-Mont Logistiques est un acteur particulier de la chaîne logistique. Notre petite entreprise familiale, fondée à Pointe-Saint-Charles il y a plus de 30 ans, s’est hissée parmi les meilleures au monde dans ce domaine en misant sur l’innovation, la haute technologie et un modèle d’affaires unique.

Alors que, traditionnellement, l’exportation de grains ou de légumineuses se fait en vrac et en grande quantité, notre entreprise a développé des solutions de livraison de ces marchandises par conteneurs. L’effet est double : de petits producteurs du Québec et du Canada peuvent ainsi avoir accès à la chaîne logistique et exporter, et de petits acheteurs du monde, comme les pays moins riches, peuvent s’approvisionner de manière plus ciblée, en se procurant de plus petites quantités. Notre façon de faire porte ses fruits, puisque plus du tiers de nos opérations consiste à acheminer de l’aide humanitaire via le Programme alimentaire mondial de l’ONU. Nous en sommes le transitaire exclusif au pays et sommes heureux de jouer ce rôle.

Ce faisant, nos activités sont centrales pour les agriculteurs d’ici, mais aussi pour l’alimentation internationale. En contrepartie, notre position géographique dans le Sud-Ouest nous impose de générer un fort volume de camionnage lourd à Montréal en général et dans la rue Notre-Dame en particulier. La bonne nouvelle est que nous pouvons agir.

Pourquoi déménager dans l’est de Montréal ?

Dans les dernières semaines, plusieurs voix se sont élevées pour s’opposer à la réalisation de notre projet de plateforme logistique intermodale. Une question demeure : quel est le coût environnemental de ne pas reloger nos activités à proximité du Port de Montréal, malgré la vocation industrielle du site ?

Nos camions traversent quotidiennement Montréal, d’ouest en est, sur près de 11 km, parcourant chaque année plus de 400 000 km. Ils constituent près du tiers du camionnage de la rue Notre-Dame. En déménageant dans l’est de Montréal, ils ne parcourront que quelques mètres pour rejoindre le Port.

Selon le Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT), ce déménagement permettra une diminution de 82 % de nos émissions de gaz à effet de serre.1

Vous le devinez, la réduction significative du camionnage lourd dans la rue Notre-Dame en serait la cause principale. Tout cela sans parler des économies en travaux de toutes sortes liés à une utilisation intensive de cet axe routier.

Situé dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, le terrain que nous avons acquis en 2016 était laissé à l’abandon et lourdement contaminé par l’ancien occupant, la Canadian Steel Foundries. Une situation qui devrait susciter de sérieuses questions sur le plan de la santé publique. Nous avons déjà investi 15 millions de dollars pour sa réhabilitation environnementale et avons l’ambition de maximiser sa végétalisation, de désenclaver les quartiers limitrophes et de travailler avec nos voisins pour cohabiter dans le respect. Malgré les différends exprimés, les récentes pistes d’action du Groupe de travail thématique2 témoignent sans équivoque de cette volonté.

Les solutions sont sur la table. Nous sommes prêts à aller de l’avant pour réaliser un bon projet dans l’est de Montréal. Un projet dont les citoyens seront fiers, qui aura des retombées positives sur le plan économique, social, environnemental et qui permettra à Ray-Mont Logistiques de demeurer un rouage essentiel de l’économie, tout en permettant à Montréal de demeurer un partenaire de premier plan de l’ONU.

1. Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT), janvier 2017

2. Atelier Urbain. Bilan des travaux du Groupe de travail thématique Ray-Mont Logistiques, novembre 2021

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