Sur la base d’une comparaison entre deux agglomérations comparables, je propose ici une autre façon d’envisager la question d’un troisième lien entre Québec et Lévis. Jusqu’à ce que l’on me démontre qu’elle n’a ni queue ni tête, je tiendrai pour acquis que non seulement elle est envisageable, mais encore qu’elle pourrait avoir un effet bénéfique sur le développement de tout l’est du Québec, dont on sait depuis longtemps qu’il est très mal desservi après les liens actuels entre Québec et Lévis.

Ces deux agglomérations ont en commun d’être composées d’une grosse ville et d’une plus petite qui sont séparées l’une de l’autre par un important cours d’eau. Ce qui entraîne le recours à des liens de communication de types particuliers, soit des ponts, soit des tunnels. Je ferai cette comparaison à partir de données fournies par les deux agglomérations concernées qui sont, d’une part, celles d’Ottawa et de Gatineau, séparées par la rivière des Outaouais et, d’autre part, celles de Québec et de Lévis, séparées par le fleuve Saint-Laurent.

L’agglomération d’Ottawa-Gatineau a une population de 1 300 000 habitants, celle de Québec-Lévis, une population de 820 000 habitants. L’agglomération d’Ottawa-Gatineau compte cinq liens sur la rivière des Outaouais pour desservir un flux quotidien de 150 000 véhicules. Trois de ces liens sont situés en plein centre de deux villes. À cela s’ajoute le fait que, depuis quelques années, il est périodiquement question d’un sixième lien entre Ottawa et Gatineau.

L’agglomération de Québec-Lévis compte, quant à elle, deux liens sur le Saint-Laurent ; ils sont tous les deux côte à côte, à l’extrémité ouest de l’agglomération. Ces deux liens desservent un flux quotidien de 152 000 véhicules, auxquels il faut ajouter les 5000 véhicules qui utilisent chaque jour un traversier poussif et ringard. Il faut aussi tenir compte d’une restriction d’importance qui concerne le vieux pont de Québec et qui a pour effet de réduire appréciablement l’efficacité des liens actuels. Les poids lourds de transport de marchandises sont interdits en tout temps sur le vieux pont. Seul le pont Pierre-Laporte peut les desservir.

Faisons ensemble une petite règle de trois. S’il faut cinq liens pour faire circuler chaque jour 150 000 véhicules, combien faudra-t-il de liens pour en faire circuler quotidiennement 152 000 ? Réponse : 5,2 liens.

Donc même avec trois liens, dont seulement deux pour les poids lourds, l’agglomération de Québec-Lévis serait loin du compte si on la compare à l’agglomération d’Ottawa-Gatineau pour des flux quotidiens presque identiques.

Pour tous ces motifs, je serais favorable à un troisième lien Québec-Lévis, mais aux conditions suivantes. Premièrement, que ce tunnel, qui serait situé au centre des deux villes, ne soit pas un tunnel creusé, mais un tunnel fait de sections immergées construites en cale sèche, comme ce fut le cas du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Cela permettrait de raccourcir les accès aux deux extrémités qui, elles, seraient creusées, réduisant d’autant les dommages à l’environnement. Deuxièmement, ce troisième lien serait réservé en priorité stricte au transport électrifié dès que la production de tels véhicules le permettrait, qu’il s’agisse des transports en commun pour les personnes et du transport de marchandises. Peu ou pas de place du tout, selon des régulateurs de flux quotidiens, serait accordée aux véhicules particuliers qui, eux aussi, devraient de toute manière être électriques.

Quand le citoyen Labeaume dit que c’est vers l’ouest qu’on devrait améliorer les liens de communication entre Québec et Lévis parce que le développement urbain se fait actuellement plutôt dans l’Ouest, il oublie que les infrastructures de mobilité et de communication constituent un facteur d’attraction important de développement d’un pôle donné. Améliorez les communications dans l’Est, et le développement se fera plus dans l’Est. Il devrait savoir que les pôles d’attraction du développement urbain ne sont pas déterminés par quelque fatalité !

Il y a fort à parier qu’à la différence du Réseau express métropolitain, qui ne desservira que des personnes dans l’île de Montréal en puisant à même les économies de tous les Québécois (CDPQ Infra), un troisième lien de ce type à Québec, s’il survit à un détestable et mesquin Quebec City Bashing en provenance de Montréal, facilitera appréciablement la circulation et le transport écologique des personnes et des marchandises pour tout l’est du Québec et non pas seulement pour Québec et sa région.

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