C’est ce lundi qu’entrent en vigueur les allégements aux mesures sanitaires annoncés récemment par la Santé publique et par le gouvernement du Québec. À six semaines des grands rassemblements des Fêtes, et alors que les cas sont en hausse constante, les experts de COVID-STOP se montrent inquiets des conséquences qu’auront ces allégements, dans un contexte où les familles ont plus que jamais besoin de se retrouver à Noël.

Il nous semble aberrant d’ouvrir les vannes maintenant, alors qu’au contraire, il faut mettre toutes les chances de notre côté pour que les grands-parents ne soient pas à nouveau tenus à distance de leurs petits-enfants.

Pour ce faire, il y a urgence à reconnaître le mode principal de transmission de la COVID-19 : les aérosols. Tant que les plus hautes autorités en santé publique ne reconnaîtront pas officiellement ce vecteur de transmission, les décisions entourant la façon d’alléger certaines mesures sanitaires demeureront risquées et continueront de favoriser une circulation importante du virus.

Le collectif réitère donc une préoccupation maintes fois formulée au cours de la dernière année : il est urgent que la ventilation des milieux intérieurs et la filtration de l’air soient intégrées à l’arsenal des mesures sanitaires en vigueur pour réduire les risques de transmission du virus.

Miser uniquement sur la vaccination et retirer l’obligation du port du masque dans de nombreux endroits – des espaces intérieurs mal ventilés – où se côtoient des centaines de personnes, c’est assurément accepter que de nombreuses personnes soient infectées et que des foyers d’éclosion majeurs se développent.

En conférence de presse le 2 novembre, le Dr Horacio Arruda a indiqué s’attendre à une hausse des cas en lien avec les récents allégements aux mesures sanitaires. Il a aussi comparé la COVID-19 à la grippe, indiquant qu’il faudrait désormais apprendre à vivre avec ce virus comme nous vivons avec la grippe saisonnière. Nous nous inscrivons en faux contre cette orientation qui banalise le caractère hautement contagieux, mais aussi incommensurablement plus dangereux de la COVID-19 et de ses variants : la grippe saisonnière ne produit pas la surmortalité à laquelle nous avons assisté l’an dernier et elle ne conduit pas aux soins intensifs quantité de jeunes en excellente santé ; la grippe ne handicape pas à long terme des milliers d’adultes et d’enfants qui demeureront aux prises avec des séquelles majeures de la maladie (COVID longue).

Il nous semble pour le moins surprenant que de telles déclarations émanent des plus hautes autorités en santé publique, alors que nous sommes nombreux et nombreuses à avoir passé de longs mois à tenter d’expliquer la dangerosité de la COVID-19 et à avoir tout fait pour déconstruire l’analogie boiteuse avec les autres virus respiratoires saisonniers. Il nous semble tout aussi nocif d’entendre, encore une fois, le directeur de la santé publique et le ministre de la Santé nous expliquer que les allégements aux mesures sanitaires sont décidés en fonction de la disponibilité des lits en milieu hospitalier. Ces orientations ne tiennent pas compte du fait que les retards accumulés ces derniers mois en matière d’interventions urgentes sont loin de s’être résorbés, que les travailleurs et travailleuses sont épuisés et ne suffisent plus à la tâche, que les enfants de moins de 12 ans et les personnes immunosupprimées ne sont pas adéquatement protégés par la vaccination et que la protection conférée par les vaccins tend à diminuer de manière importante dans l’ensemble de la population, de nombreux Québécois ayant été vacciné.e.s il y a plus de six mois.

L’Organisation mondiale de la santé a lancé d’ailleurs récemment un cri d’alerte, au vu de la situation très préoccupante en Europe : il faut, selon elle, maintenir l’obligation du port du masque et assurer la ventilation maximale des espaces intérieurs pour éviter une nouvelle vague importante de mortalité. Le ministre de la Santé du Québec s’est d’ailleurs montré préoccupé, la semaine dernière, par ce qui se passe en Europe dans des pays dont les taux de vaccination sont comparables aux nôtres. Nous adhérons à ses inquiétudes : depuis le début de la pandémie, ce qui s’observe outre-Atlantique finit inévitablement par aboutir ici ; prenons-en acte et usons de la chance que nous avons de bénéficier de quelques semaines de décalage pour prendre ici des décisions éclairées.

Personne ne veut revivre le Noël traumatisant de l’an dernier : les retrouvailles à distance, par écrans interposés, et le personnel de la santé à bout de souffle, obligé de sacrifier les repas de famille pour prendre en charge les nombreux malades affluant aux urgences. Permettons-nous d’espérer vivre autre chose cette année et donnons-nous tous les moyens d’y parvenir !

* Les auteures signent au nom du collectif COVID-STOP.

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