On retrouve en Chaudière-Appalaches la plus forte création de richesse manufacturière par habitant au Québec. Également, c’est la troisième région manufacturière en importance pour ce qui est de la production de biens et la troisième ayant la plus forte croissance depuis 2014. Parallèlement, comme presque partout ailleurs au Québec, elle subit un déclin de sa population active depuis maintenant 10 ans et risque de voir cette situation perdurer jusqu’en 2030.

Nous avons beau espérer des jours meilleurs, mais l’avenir économique de la région, tout comme son tissu social et culturel, est menacé. Le message est clair : Chaudière-Appalaches ne peut pas être une région viable si on ne met pas rapidement en œuvre un plan d’urgence manufacturier pour régler la crise de la main-d’œuvre.

Malgré tous les efforts déployés pour attirer une main-d’œuvre capable d’assurer la relève de celles et ceux qui ont fait de la Chaudière-Appalaches la région phare du secteur manufacturier au Québec, celle-ci se heurte à des obstacles aussi nombreux que complexes qui freinent les entreprises dans le recrutement de travailleurs internationaux et, ultimement, dans leur développement et leur croissance. Les centres de formation peinent à démarrer des cohortes de formation faute d’un nombre suffisant d’étudiants et d’un manque de logements chronique pour les familles qui souhaitent faire de la région leur nouvelle terre d’accueil.

Parce qu’elles ne peuvent plus compter sur un bassin de main-d’œuvre suffisant, les entrepreneurs mettent leur propre développement sur pause en limitant la recherche ou en refusant des contrats ; ils vont jusqu’à délocaliser leur production hors région et même hors Québec. La valeur de la production non réalisée en Chaudière-Appalaches, du fait de la pénurie de la main-d’œuvre, est estimée aujourd’hui à 2,1 milliards de dollars par année !

Un plan d’urgence manufacturier

Cela est tout simplement inacceptable. Un territoire économiquement et socialement épanoui doit pouvoir compter sur un bassin de main-d’œuvre adéquat, un réseau scolaire efficace et bien fourni d’étudiants ainsi que sur une offre de services et d’infrastructures adaptées à ses collectivités.

La pénurie de main-d’œuvre cause aujourd’hui une perte de possibilités, d’innovation et de croissance en Chaudière-Appalaches et au Québec.

Elle entrave et freine les projets de développement de produit et de développement des affaires, et pousse les entreprises à délocaliser leur production et à gérer une décroissance de leur activité manufacturière.

À titre d’exemple, afin de répondre aux besoins de ses clients, l’entreprise Maibec a récemment fait l’acquisition d’une usine aux États-Unis et y a stratégiquement déplacé des équipements de production du Québec ce qui a permis d’amortir l’impact actuel de la pénurie de main-d’œuvre à son usine de Saint-Pamphile. Aussi, à défaut de pouvoir produire suffisamment, Métal Bernard a pris la décision de se concentrer sur ses clients les plus importants pour éviter d’exposer l’entreprise au risque d’accuser des retards de livraison trop importants, dommageables pour la relation avec les clients et la réputation.

Il est important d’agir concrètement et rapidement pour soutenir les entreprises manufacturières. Le berceau de l’entrepreneuriat au Québec est un acteur primordial de l’investissement et des exportations de la province.

Nous souhaitons l’implantation d’un plan d’urgence manufacturier contenant des solutions concrètes pour nos petites, moyennes et grandes entreprises. Ce plan doit comprendre la mise en place de programmes aux PME de notre région pour accélérer leur virage vers l’automatisation et la robotisation, des solutions pour augmenter rapidement et de façon durable les bassins de travailleurs et d’étudiants et la construction de logements capables de recevoir celles et ceux qui souhaitent faire de notre région une destination qui leur procurera qualité de vie et un enracinement à long terme.

Il est devenu vital d’avoir maintenant des engagements concrets afin d’assurer la pérennité de nos entreprises et éviter de (re)mettre le développement de la Chaudière-Appalaches sur pause.

* Cosignataires : Daniel Chaîné, directeur général, Beauce-centre économique ; Hélène Latulippe, directrice générale, Conseil économique de Beauce ; Alain Vallières, directeur général, Développement économique Bellechasse ; Marlène Bisson, directrice des opérations et commissaire industrielle, Développement économique Nouvelle-Beauce ; Richard Côté, directeur du service de développement économique, MRC des Etchemins ; Sylvain Thiboutot, directeur du développement économique, MRC de L’Islet ; Danielle Raymond, coordonnatrice — service aux entreprises, MRC de Lotbinière ; Martine Leullier, coordonnatrice et commissaire industrielle, MRC de Montmagny ; Luc Rémillard, directeur général, Société de développement économique de la région de Thetford ; Philippe Meurant, directeur du développement économique et de la promotion, Ville de Lévis.

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