Si vous êtes parents de tout-petits, alors vous le savez probablement déjà : notre réseau de services de garde ne résiste plus, il craque.

Plus de 37 000 enfants n’ont pas de place en ce moment alors que notre réseau peut offrir dès aujourd’hui près 70 000 places au tarif unique. Des parents sont à bout de souffle et d’efforts. Des mères et des pères sont forcés de renoncer à leur travail pour rester à la maison le temps qu’un miracle advienne et que, par enchantement, une place à prix abordable se libère. Des enfants sont contraints de passer d’un milieu à un autre, subissant changement après changement, en raison des fermetures successives en milieu familial et dans les garderies privées non subventionnées en installation sur lesquelles nous avons pourtant le pouvoir d’agir.

Alors que Québec ne cesse de promettre la création de nouvelles places en CPE, nous lui répétons une chose : il est minuit moins une pour sauver le réseau de garde du Québec. Les familles n’ont pas besoin de bâtiments flambant neufs d’ici quatre ans, mais de places à tarif unique pour leurs enfants, aujourd’hui et maintenant, dans nos garderies privées en installation. Bien que le ministre de la Famille parle de conversion depuis plus d’un an, il n’y a aucun plan pour réaliser ce projet et on évoque encore une fois la conversion complète après les prochaines élections provinciales. Le paradoxe est choquant, car on priorise la création de nouvelles places dans quatre ans sans saisir l’occasion de stabiliser le réseau et offrir des places au tarif unique dès aujourd’hui.

Si l’objectif premier du gouvernement est d’offrir des places accessibles aux parents, alors les garderies privées non subventionnées du Québec sont une force incontestable pour y arriver. Accélérer la conversion de nos places vers le réseau subventionné pour assurer que le réseau soit équitable pour tous, c’est plus qu’une priorité : c’est une urgence nationale, sans quoi ce sont des dizaines de milliers de places pour enfants que nous risquons de perdre définitivement alors même qu’elles sont inestimables pour de nombreux parents.

Le gouvernement doit absolument prendre conscience de l’entière problématique et nous entendre avant qu’il ne soit trop tard. La simple bonification du crédit d’impôt pour les frais de garde n’est et ne sera jamais suffisante.

Autant les propriétaires de garderies, les parents que les éducatrices réclament l’uniformisation d’un seul et même réseau. C’est d’autant plus important maintenant que le gouvernement a annoncé l’augmentation jusqu’à 20 % des salaires des éducatrices en CPE. Les garderies privées non subventionnées ne pourront pas compétitionner et participer à la surenchère des salaires. Comment pouvons-nous demander à des parents qui paient déjà cinq fois plus que le prix demandé en CPE de payer encore plus pour compenser les nouveaux salaires des éducatrices ? C’est inconcevable de les pénaliser si injustement. C’est inconcevable de leur faire payer la facture d’une injustice sociale.

Le ministère de la Famille nous demande de suivre les mêmes lois et règlements que les autres milieux de gardes. Nous sommes soumis aux mêmes inspections concernant la santé, la sécurité et la qualité éducative. Nous nous surpassons pour offrir le meilleur à nos enfants, mais si rien ne change, nous ne pourrons malheureusement plus le faire très longtemps.

Plutôt que de creuser l’iniquité dans un système qui tourne déjà à deux vitesses, nous demandons au gouvernement de trouver rapidement les moyens pour accélérer la création de place au sein des garderies non subventionnées et pour aider à la rétention des éducatrices. Aujourd’hui, plus que jamais, les familles ont besoin d’un système de garde en vie.

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