En cette journée maritime québécoise, la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES) veut souligner le virage environnemental de l’industrie maritime envers le Saint-Laurent pour sensibiliser le public sur le rôle essentiel de cette industrie, et démontrer son approche responsable afin de protéger et mettre en valeur notre fleuve.

Rappelons que lors de l’annonce de la nouvelle vision maritime du Québec en juin dernier, la ministre Chantal Rouleau déclarait miser notamment « sur toute l’importance à concilier la protection de l’environnement et le développement économique ». Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, car cela nous oblige à nous interroger sur notre responsabilité envers les nombreux écosystèmes du fleuve.

Les Premières Nations l’appelaient Magtogoek et nos ancêtres, la mer. Quelle que soit son appellation, tous s’accordent pour le qualifier de majestueux. Le fleuve Saint-Laurent est une gigantesque porte d’entrée sur l’Amérique. Formidable outil de développement pour le Québec, il est aussi la voie qui nous ouvre au monde. Véritable pont vivant qui relie les Grands Lacs et l’océan Atlantique, de la source à la mer, il accompagne les activités économiques et socioculturelles des communautés côtières depuis des millénaires, et des millions de personnes en tirent, inconsciemment, leur subsistance.

Le Saint-Laurent suscite, depuis longtemps, l’intérêt des découvreurs, des navigateurs, des géographes, des historiens, des peintres, des poètes et, depuis moins longtemps, celui des politiciens et des scientifiques de toute nature – biologistes, ingénieurs, aménagistes.

S’il semble aujourd’hui être l’objet de toutes les attentions, on a regretté jadis que le Saint-Laurent, élément dominant de nos paysages, de notre histoire, de notre patrimoine, de notre économie et de notre culture, ait été négligé, insuffisamment étudié et souvent maltraité. Rappelons-nous les résultats désastreux des recherches et analyses sur son état sanitaire, dans les années 1970. En effet, il était alors impossible de connaître le nombre de municipalités et d’entreprises s’approvisionnant en eau dans le Saint-Laurent, ou encore y déversant leurs eaux usées.

De toute évidence et fort heureusement, la situation s’est grandement améliorée. Aujourd’hui, plusieurs organismes en font leur sujet de préoccupations quotidiennes. Pas une journée ne passe sans que le Saint-Laurent soit dans les médias. Les responsables politiques ont entendu les appels des organisations citoyennes, des chercheurs et des responsables locaux. De multiples lois et règlements ont été adoptés pour protéger le fleuve et ses rives, et celui-ci est dorénavant l’objet de beaucoup de sollicitude et d’attention. On se doit de contribuer à un développement durable qui favorise l’intégrité écologique, le respect de l’environnement dans les activités économiques, l’engagement des collectivités et une gestion éclairée, concertée et intégrée du fleuve.

Trouver l’équilibre

Rappelons que des initiatives, nombreuses et méritoires, ont été prises depuis deux décennies pour redonner au fleuve son intégrité, sa place et ses rôles dans la vie collective québécoise. Le 23 mars 2010, l’Assemblée nationale du Québec adoptait à l’unanimité la motion suivante : « Que l’Assemblée nationale du Québec confirme, par une reconnaissance officielle, sa vision du Saint-Laurent comme patrimoine national à protéger, à développer et à mettre en valeur, conformément à ce que recommande notre Politique nationale de l’eau. »

Comme composante centrale de sa géographie, le Saint-Laurent appartient au patrimoine collectif du Québec. Il a toujours constitué un facteur déterminant de la pénétration du territoire, de son peuplement, de sa mise en valeur, de son développement. Il est un lieu identitaire pour les Québécois et les Québécoises. Il est la ressource naturelle de base du Québec, ressource renouvelable devant être gérée dans une perspective de durabilité. Or, la vie et la pérennité du fleuve dépendent d’un savant équilibre entre les besoins liés à ses différents usages : récréatif, habitat, économique et sauvegarde des milieux naturels. Le fleuve appartient à tous, mais sans appartenir en propre à quelque groupe ou à quelqu’un. De ce fait, trouver cet équilibre n’est pas une mince tâche. Mais c’est une obligation individuelle et collective.

En reconnaissant les efforts et les actions concrètes de l’industrie maritime en lien avec le Saint-Laurent, la population québécoise illustre ses préoccupations et ses attentes pour la protection et la mise en valeur du Saint-Laurent et s’attend à ce que les principaux utilisateurs du fleuve poursuivent une approche responsable.

Comme l’écrivait le biologiste Claude Villeneuve dans son livre Le fleuve aux grandes eaux : « Nous devons investir aujourd’hui tous nos efforts pour que Magtogoek redevienne pour nos enfants le fleuve aux grandes eaux, généreux de ses bienfaits. Sachons aussi élargir notre action pour que le sort qu’il a connu ne soit pas celui de la planète tout entière. »

*Ce texte est un court résumé de la conférence de M. Déry dans le cadre de la Journée maritime québécoise, le 26 octobre, organisée par la Société de développement économique du Saint-Laurent.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion