Ce matin, comme chaque matin, certains d’entre nous sont venus au travail, d’autres se sont plongés dans leurs études. Ce geste banal, répété chaque jour, est pourtant le socle sur lequel repose notre richesse collective, notre économie. Nous devons aller travailler ou étudier pour que la société fonctionne.

Or, pour des centaines de milliers de parents à travers le Québec, ce geste est impossible sans les éducatrices et éducateurs qui accueillent leurs enfants au quotidien dans le réseau des centres de la petite enfance/bureaux coordonnateurs (CPE/BC). Ce sont des préposés aux bénéficiaires, des enseignantes, des monteurs de ligne électrique, des dentistes, des travailleurs sociaux, des étudiantes, des restaurateurs, des députées à l’Assemblée nationale. Ce sont tous ces gens qui font la force vitale de notre prospérité sociale et économique, et qui comptent absolument sur les éducatrices et les éducateurs pour pouvoir travailler, eux aussi.

Oui, ce matin, comme chaque matin, ces innombrables parents peuvent contribuer à la société l’esprit en paix après avoir confié ce qu’ils ont de plus précieux, leurs tout-petits, à des professionnels de la petite enfance. Ils savent à quel point celles-ci et ceux-ci sont experts dans l’accompagnement du développement global de leurs enfants.

Des pieds d’argile

Tous ces travailleurs et étudiants forment un moteur immense qui fait rouler l’économie du Québec grâce aux éducatrices et éducateurs du réseau des CPE/BC. Pourtant, ce géant a des pieds d’argile : les professions en petite enfance sont délaissées, et la pénurie de main-d’œuvre frappe ici encore plus qu’ailleurs.

Car le caractère absolument essentiel du rôle des éducatrices et éducateurs, autant pour le développement global des enfants que l’activité économique de leurs parents, ne se reflète pas du tout dans leur niveau salarial.

C’est depuis longtemps décrié, et de plus en plus flagrant. Une aberration historique qui exige, devant le mur que nous sommes déjà en train de frapper, des mesures correctrices majeures.

Cela arrive justement à un moment critique où le gouvernement entend accélérer le développement de nouvelles places dans le réseau des CPE/BC pour répondre à la demande. Car ce matin, il y a eu aussi des milliers de parents qui n’ont pas pu se rendre au travail ou aux études, faute de place pour leurs enfants dans un service de garde éducatif de qualité. Autant de travailleurs et d’étudiants, chacun essentiel dans son domaine, puisque la pénurie de main-d’œuvre n’épargne aucun secteur économique. Ces milliers de parents n’ont pas pu participer à la vitalité de l’économie québécoise et de la société.

Une reconnaissance dans les paroles… et les gestes

Il est grand temps que Québec reconnaisse le rôle fondamental des éducatrices et éducateurs du réseau des CPE/BC. Il doit le faire dans ses paroles, certes, mais surtout dans des gestes porteurs, concrets et éloquents.

Il doit le faire à l’instar des centaines de milliers de parents qui le disent et le vivent chaque matin, quand vient le temps de confier leurs enfants.

C’est précieux, c’est essentiel. Nous sommes prospères grâce à elles et eux. Il faut donc y accorder une véritable valeur. Québec doit rehausser leur salaire de façon significative, afin d’en refléter enfin l’importance et de le rendre concurrentiel.

* Cosignataires : Julie Dalpé, présidente du Réseau des services à la petite enfance de l’Est-du-Québec ; Odette Lavigne, directrice générale du Regroupement des CPE Côte-Nord ; Élise Paradis, directrice générale du Regroupement des centres de la petite enfance des régions de Québec et Chaudière-Appalaches ; Claudette Pitre-Robin, directrice générale du Regroupement des centres de la petite enfance de la Montérégie ; Nadine St-Onge, présidente de la Corporation des Centres de la petite enfance de l’Outaouais ; Lucie Thérriault, directrice générale du Regroupement des CPE des Cantons-de-l’Est et du Regroupement des CPE des régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec

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