Dans le contexte d’une pandémie de COVID-19 qui perdure, les universités canadiennes proposent à nouveau un trimestre d’automne hors de l’ordinaire caractérisé par un mélange de cours en personne, à distance et en mode hybride. De plus, nos campus sont assujettis à tout un train de mesures spéciales de santé et de sécurité.

Or, comme d’autres domaines, celui de l’enseignement supérieur semble vivre un véritable moment de transition à l’échelle mondiale. Il convient donc de nous demander ce que réserve l’avenir à ce secteur au Canada.

Une question fondamentale est la suivante : comment pouvons-nous continuer d’attirer les étudiantes et étudiants du plus haut calibre dans nos universités ? Si le talent international est essentiel à la réussite du Canada depuis des générations, il le sera encore davantage pour notre reprise postpandémie. Or, le paysage du recrutement se transforme à toute vitesse.

Les 18 derniers mois ont assombri les rêves et perturbé les projets de nombreux étudiants. Devant les obstacles aux voyages, l’évolution des méthodes d’enseignement et d’apprentissage ainsi qu’une demande pressante pour de nouvelles compétences, les étudiants repensent la formation qu’ils souhaitent obtenir et réévaluent les propositions de valeur traditionnelles des universités. Pour les meilleurs d’entre eux, ce ne sont pas les choix qui manquent à l’international.

Le défi pour le Canada est de se démarquer par un discours clair et cohérent sur les qualités uniques que possèdent nos universités pour ouvrir la voie du succès à une nouvelle génération d’étudiants du monde entier.

C’est un défi qui doit idéalement être relevé collectivement par les universités, les gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que les partenaires des secteurs privé et public, lesquels tirent d’énormes avantages d’un recrutement de talent à l’échelle planétaire.

Comme l’indiquent année après année les principaux palmarès, le Canada abrite certaines des meilleures universités du monde, tant parmi celles qui sont établies depuis longtemps que parmi les établissements plus jeunes. Si de nombreux facteurs expliquent cette réussite, la nature internationale de notre population étudiante y est certainement pour quelque chose.

Dans des établissements comme l’Université Concordia, où les étudiants étrangers forment près du quart de l’effectif et représentent plus de 150 pays, la diversité est un gage d’innovation, d’entrepreneuriat et d’engagement social. Elle stimule également la productivité en matière de recherche. En attirant des talents exceptionnels de l’étranger vers leurs laboratoires, studios et instituts de recherche, les universités canadiennes rehaussent leur productivité et leur valeur à titre de partenaires, ce qui accroît la compétitivité du pays.

Futurs Canadiens

Nous savons également qu’une forte proportion d’étudiants universitaires internationaux espèrent s’établir au Canada. À Concordia, où étudient quelque 10 000 personnes de l’étranger, près de 60 % des diplômées et diplômés sont restés au Québec ces dernières années, et plus de 70 % d’entre eux sont restés au Canada.

En dépit de la profonde incertitude générée par la pandémie, le Canada, à l’instar du Royaume-Uni, demeure une destination de choix pour les étudiants internationaux. De fait, Montréal, Toronto et Vancouver se classent systématiquement parmi les meilleures villes étudiantes du monde. Le Canada offre en outre des possibilités de formation exceptionnelles de même qu’un lieu sûr et accueillant où faire ses études. En revanche, d’autres pays – notamment l’Australie et les États-Unis – accusent des chutes spectaculaires des inscriptions de nouveaux étudiants étrangers.

Que peut encore faire le Canada pour tabler sur sa réussite ? Comment les gouvernements et le secteur privé peuvent-ils prêter main-forte aux universités pour favoriser le recrutement des plus grands talents à l’international ? J’ai trois propositions pour réaliser cet objectif.

D’abord, la pandémie a mis au jour les graves lacunes opérationnelles des programmes d’immigration du Canada. Des processus désuets fondés sur des documents papier ainsi que des dédoublements de fonctions rallongent les délais de traitement des demandes et font mauvaise impression auprès des jeunes élevés à l’ère du numérique. Pour corriger cette situation, nous devons soutenir la mise en œuvre par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada du processus rationalisé et numérisé de traitement des demandes de visa promis dans le budget fédéral d’avril 2021, au coût de 430 millions de dollars.

Ensuite, les gouvernements et les entreprises canadiennes doivent en faire davantage pour offrir aux étudiantes et étudiants des occasions d’apprentissage en milieu de travail.

Le Canada est reconnu mondialement pour ses programmes coop et le succès des stages de recherche Mitacs. Les étudiants de haut calibre affluent dans ces programmes, alimentant la chaîne d’approvisionnement en talents. Ainsi, le fait de rendre l’apprentissage en milieu de travail pleinement accessible aux étudiants internationaux constituerait un avantage unique sur le plan de l’embauche et porterait ses fruits au chapitre de la main-d’œuvre une fois leur formation terminée.

Enfin, nous avons besoin d’une campagne de marketing audacieuse qui met en lumière la qualité des universités canadiennes et célèbre les valeurs de notre pays. Celle-ci doit cibler de nouveaux marchés en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine, qui constituent des priorités émergentes pour le Canada. Accéder à de nouveaux bassins de talents nous rendra moins vulnérables, atténuant notre dépendance actuelle à une poignée de pays.

Les universités canadiennes mènent des recherches de pointe et offrent des programmes d’études novateurs dans un pays où la population jouit d’une qualité de vie enviable. Ces attributs reflètent non seulement notre ouverture, mais aussi notre conscience de la dette que nous devons aux millions d’immigrantes et immigrants qui sont venus au Canada et l’ont façonné. En somme, quand les universités canadiennes recrutent les meilleurs talents et que ceux-ci y font leurs études, s’établissent ici et réussissent, c’est notre pays tout entier que nous enrichissons.

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