À l’heure des défis environnementaux planétaires, tout le monde a les yeux rivés sur la COP26 sur le climat, qui se déroulera à Glasgow en novembre prochain.

Mais une autre COP (Conférence des parties) moins connue se prépare. Il s’agit pourtant d’un rendez-vous portant sur l’avenir de la vie sur terre – rien de moins : la COP15 sur la biodiversité1.

Au programme : une entente cadre sur ce que doivent faire les États signataires de la Convention sur la diversité biologique d’ici 2030 en vue de renverser la tendance lourde quant à la perte de la biodiversité sur notre planète.

Réjouissons-nous que de nombreux intervenants canadiens assument un rôle de leadership dans les préparatifs de la COP15. Le gouvernement du Canada a libéré un expert pour coprésider les négociations. Le gouvernement du Québec coordonne l’implication des gouvernements infranationaux. Et la Ville de Montréal, où se trouve d’ailleurs le Secrétariat mondial de la Convention, se fait la voix des villes en la matière sur la scène internationale.

Un rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) sonnait l’alarme, soulignant que la nature décline mondialement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine, le taux d’extinction des espèces s’accélérant.

Ce constat en amène beaucoup à parler de la sixième extinction de masse dans l’histoire géologique, cette fois provoquée par l’espèce humaine : l’anthropocène.

Et pour les gens que la vie des plantes, des animaux et des humains ne saurait émouvoir, soulignons que la biodiversité a aussi une valeur économique. Elle fournit des « biens » indispensables, tels l’air, l’eau potable, la nourriture, les médicaments, ainsi que des « services » gratuits – pensons à la pollinisation par les insectes, qui nous permet de produire des aliments, ou aux milieux humides, qui filtrent l’eau et servent de remparts contre les inondations.

Le dernier rapport du Forum économique mondial classait d’ailleurs la perte de biodiversité au troisième rang des risques posant une « menace existentielle ».

Un enjeu sans frontières

La biodiversité est un enjeu planétaire tout comme un enjeu local. Ce qui se passe à l’échelle planétaire a un impact sur nous, ici même. Inversement, ce que nous faisons, ou ne faisons pas, a un impact bien au-delà de nos frontières. D’où la nécessité d’agir à la fois localement et mondialement.

C’est pourquoi de nombreux organismes au Québec et au Canada s’activent sur cet enjeu, font des interventions afin de protéger la biodiversité et de maintenir nos écosystèmes en santé.

Parmi les initiatives, soulignons le Réseau des réserves de biosphère de l’UNESCO : 18 au Canada, dont 4 au Québec. Le lac Saint-Pierre, qui embrasse le Saint-Laurent de Sorel et Saint-Ignace-de-Loyola jusqu’à Trois-Rivières, compte parmi ces joyaux.

Afin de mériter et de préserver cette reconnaissance mondiale de l’UNESCO, il importe de prendre les mesures de conservation nécessaires à l’harmonisation des activités humaines dans la zone du lac – agriculture, industrie, navigation maritime, tourisme, chasse et pêche – avec son écosystème à la fois résilient et fragile. Bien que des mesures aient été prises et aient eu un impact positif au fil des ans, d’autres décisions et actions critiques se font attendre des différents ordres de gouvernement, notamment en matière de pratiques agricoles dans le littoral.

Il en va de même dans beaucoup d’autres endroits à l’échelle nationale. Le gouvernement fédéral compte faire des investissements majeurs dans la protection du territoire ; par contre, il se montre timide en ce qui touche les pesticides.

Le gouvernement du Québec, lui, a pratiquement atteint la cible de 17 % d’aires protégées, mais avec un quasi-passe-droit pour l’industrie forestière.

Si nous voulons être à la hauteur des défis locaux et mondiaux, pour notre propre bien-être et celui de la planète, et assumer avec crédibilité notre rôle de chef de file international en matière de biodiversité, tous les secteurs de la société doivent se mobiliser. C’est pourquoi des intervenants ont suggéré de tenir un sommet sur la biodiversité au Québec. Quant à nos gouvernements, ils doivent hausser de plusieurs crans leurs actions ici même, au Québec et au Canada, se doter des instruments adéquats et, surtout, faire preuve de volonté politique.

* L’auteur est également fellow à l’Institut d’études internationales de Montréal ainsi qu’au Perry World House de l’Université de Pennsylvanie.

1 La rencontre, déjà reportée en raison de la pandémie, débutera en octobre 2021 de façon virtuelle, se poursuivra en janvier à Genève et éventuellement en personne en avril à Kunming, en Chine.

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