C’est ma première « non-rentrée » depuis plus de 30 ans. Je ne peux qu’être solidaire de mes ex-collègues qui doivent commencer leur session en pleine canicule, au moment où une quatrième vague de la COVID-19 pointe, et où la liberté de l’enseignement est partiellement menacée.

La chaleur se terminera bientôt. La quatrième vague pourra être endiguée. Mais la liberté de l’enseignement restera fragile tant et aussi longtemps que les institutions et les gouvernements ne la protégeront pas contre des attaques de plus en plus nombreuses.

Sans entrer dans la controverse des manifestations et des contestations de la « cancel culture », je n’enseignerais pas aujourd’hui comme hier. Je me poserais de nouvelles questions qui auraient une incidence sur ma pédagogie.

Que puis-je dire ou enseigner maintenant qui n’offensera pas quelqu’un dans ma classe ? En tant qu’homme blanc occidental, suis-je même légitime d’enseigner pour certaines personnes ? Est-ce que je m’exprime en incluant assez d’exemples non genrés ? Les connaissances et les techniques que j’utilise en classe représentent-elles des moyens détournés de garder certains privilèges de domination ?

Cette nouvelle couche de questionnements se superpose à celles qui se sont ajoutées ces dernières années. Comment enseigner à des jeunes qui sont constamment sollicités par les appareils électroniques en dehors et en classe ? Comment adapter ma pédagogie aux élèves qui ont des besoins particuliers tout en n’oubliant pas les plus doués ? Comment répondre à toutes les demandes d’aide individuelle multipliées par les plateformes pédagogiques ?

Bref, depuis 30 ans, l’enseignement a beaucoup changé. Malheureusement pour les professeurs, les conditions de travail n’ont pas évolué au même rythme. On en demande toujours davantage aux enseignants sans leur donner les moyens de répondre à la complexification de la tâche.

C’est pour cette raison qu’en cette rentrée, je voulais saluer l’immense travail de mes
ex-collègues de tous les niveaux d’enseignement, et demander au gouvernement de reconnaître leur dévouement par de meilleures conditions de travail.

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