Bonjour Mme Piercey, votre police d’assurance-invalidité est acceptée, mais… avec une exclusion temporaire de deux ans, pour tout ce qui a trait à la santé mentale.

Pardon ?

Avoir des douleurs abdominales quasi quotidiennes ? Ça, c’est permis, madame.

Avoir une migraine qui m’a menée à l’urgence pour un traitement intraveineux ? Ça aussi, c’est permis, madame.

Vivre une rupture amoureuse difficile et chercher de l’aide pour rebâtir une confiance en moi fragilisée ? Ça, malheureusement, ce n’est pas permis, madame.

Il y a moins d’un an, après une fin de relation tendue, je me suis retrouvée avec une estime émiettée et une ambition étouffée. J’ai alors pris la décision de consulter. Pour la première fois de ma vie, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai appelé pour fixer un premier rendez-vous avec une psychologue.

Je suis sortie de ma première rencontre un brin ébranlée.

« Lianne, tu sais que ce que tu as vécu, c’est ce qu’on appelle de la violence conjugale psychologique ? »

Pardon ?

Après une dizaine de rencontres, un énorme travail d’introspection, et le temps qui est si bon pour adoucir les choses, j’avais solidifié ma confiance personnelle. J’étais à nouveau bien dans mon corps et mon esprit. J’avais envie de foncer dans la vie avec mes mille et un projets. Merci à ma psychologue, pour l’écoute, les « tapes » dans le dos et les innombrables prises de conscience et conseils. Aujourd’hui, je suis fière d’avoir appelé à l’aide. Je suis fière de moi.

En 2021, des symptômes d’infection urinaire, on va voir un médecin sans gêne. Un mal de dos, on consulte un massothérapeute sans hésiter. Mais pourquoi le malaise en santé mentale ?

En 2021, on parle sans cesse du nombre alarmant de féminicides au Québec. On encourage les femmes à dénoncer et à chercher de l’aide. On tente de briser les tabous entourant la santé mentale.

Aussi, en 2021, parce qu’une jeune femme, sans aucun antécédent psychiatrique, décide de consulter une psychologue en guise de cheminement personnel, on lui flanque une exclusion d’assurance-invalidité.

Pardon ? Quel message véhicule-t-on à la population ?

Personnellement, je lis entre les lignes : « Eille la grande, t’es mieux d’être heureuse et zen et confiante et encore en amour dans deux ans, parce que sinon, regarde bien ton exclusion passer de temporaire à permanente. »

Un message contradictoire et franchement désolant à mes yeux.

En espérant voir le jour où l’aide psychologique soit non stigmatisée, encouragée et même accessible (mais ça, c’est un autre sujet !).

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion