La campagne de vaccination contre la COVID-19 qui bat son plein depuis quelques mois connaît un succès inespéré et laisse présager des jours meilleurs. Toutefois, cette pandémie pourrait laisser dans son sillage de nombreuses cicatrices.

Au début de la crise de la COVID-19, les Centers for Disease Control and Prevention américains avaient lancé un cri d’alarme. Des études rapportaient qu’une large proportion d’adultes montraient des états ou des comportements de santé mentale qui pouvaient inquiéter et que 11 % avaient sérieusement envisagé le suicide. Un journaliste du New York Times allait même jusqu’à annoncer une quatrième vague de pandémie de santé mentale. L’isolement, la distanciation, l’insécurité financière, les problèmes de consommation et la peur d’attraper la maladie ont pu exacerber chez un grand nombre d’individus des problématiques de santé mentale.

La force du mental

Or, plus récemment, dans un texte du Atlantic Monthly*, un groupe de travail sur la santé mentale donne un son de cloche différent. Après revue de littérature, ces derniers ont noté que la détresse psychologique tant appréhendée ne s’est pas matérialisée. Les niveaux de problématiques de santé mentale dans la population sont rapidement redescendus à des niveaux prépandémiques dès l’été 2020.

Ce qui fait dire aux chercheurs que la plupart des individus concernés ont fait preuve d’une résilience extraordinaire face aux changements soudains amenés par la pandémie. La plupart n’ont pas été des victimes dans cette crise, mais bien des acteurs engagés dans leur propre bien-être.

Il serait facile de balayer sous le tapis les séquelles de la crise sanitaire à la suite de ces conclusions. Cette résilience de la population ne doit pas servir d’excuses pour que les dirigeants du réseau restent les bras croisés. De nombreux individus vivent des moments de détresse et sont à risque. Des problèmes d’accès aux soins en santé mentale sont bien réels, la prise en charge des patients est souvent déficiente et le financement de la santé mentale se perd dans les méandres des CISSS.

Participer à son rétablissement

La grande majorité des patients traités pour des problèmes de santé mentale ont cette résilience pour se sortir de la maladie, se reconstruire une identité et recouvrir une vie active et sociale normale, mais ils ont besoin d’équipes de soins et de suivis pour les aider à se rétablir de la maladie.

Cette résistance face au stress montre l’importance d’avoir une approche de soins axée sur la participation active du patient durant son parcours de rétablissement.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec met d’ailleurs l’accent sur le concept de primauté de la personne dans son Plan d’action en santé mentale. La primauté tient compte du point de vue et des capacités de la personne, tout en favorisant sa participation, celle de son entourage, dans les décisions qui la concernent.

Il importe de s’extirper des stéréotypes, de la stigmatisation trop souvent associés à la maladie mentale. La vision paternaliste de la santé mentale est depuis longtemps dépassée.

Des équipes de soins établissent des approches de soins dans le respect des droits des patients en santé mentale pour que le patient devienne en quelque sorte un partenaire de soins. Ainsi, ce dernier va acquérir des habiletés et des compétences qui vont lui permettre de faire de bons choix, de s’émanciper et d’améliorer sa qualité de vie. La valeur de son expérience contribue à la qualité des soins lorsqu’il travaille en collaboration avec l’équipe de soins. Le patient devient partenaire de son terrain de jeu avec son vécu, ses connexions, son soutien thérapeutique et ses formations.

Prenons l’exemple d’un jeune en crise qui se présente aux urgences, des équipes de soins sont lancées au-devant du patient pour apaiser la situation et l’aider à reprendre le contrôle. Des équipes « code blanc » avec des approches de soins qui ont pour objectif de désamorcer la crise avec des budgets et des orientations spécifiques.

Que ce soit le travailleur social, le psychologue, l’infirmière praticienne spécialisée, le psychiatre, le médecin de famille, chacun a son rôle à jouer dans le rétablissement du patient.

Le défi est d’arrimer leurs activités et de bien les financer pour que le patient soit traité au bon moment et par la bonne personne.

Bien entendu, pour avoir des équipes de soins bien formées avec du personnel en quantité suffisante, il importe de mettre en valeur la santé mentale, de mieux organiser la première et la deuxième ligne en santé mentale, de développer plus de ports d’attache pour les patients, d’implanter plus de systèmes de monitorage, et de bien financer la santé mentale.

À défaut d’une quatrième vague de pandémie de santé mentale, il faut reconnaître que tout n’est pas parfait et tout n’est pas nécessairement à changer, il y a des histoires de succès comme des histoires d’échecs. Mais adopter une philosophie d’amélioration continue est toujours de bon augure pour apprendre des erreurs, s’adapter aux changements et faire face à de nouvelles réalités.

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