Depuis quelques semaines, on découvre les corps ensevelis de milliers d’enfants autochtones qui, un jour, ont été arrachés à leur mère-Ukaui, leur père utaui, leur mushum, leur kukum, leur famille Peikutenu et ne sont jamais revenus. On les retrouve maintenant, sans nom.
La première chose qu’on enleva à ces petits-enfants, c’est leur prénom dans leur langue. Au pensionnat, au lieu de s’appeler :
Nishk (l’outarde), elle s’appellerait Marie ;
Kisos (Soleil), elle s’appellerait Agnès ;
Sheska (la neige du printemps) s’appellerait Louise ;
Sheuekatshu (libellule) serait Amanda ;
Nokomis (fille de la lune) deviendrait Anne ;
Amishkshish (petit castor), ce serait Christiane ;
Shipiss (petite rivière), Marguerite ;
Sakari (douce), Lina ;
Amun (frayère), Raoul ;
Uapen (lever du jour), Alexandre ;
Mahikan (loup), Marco ;
Uapush (lièvre), Laurent ;
Sakari (doux) Patrice ;
Yocoisse (fils du vent), Christian ;
Ashini (le rocher), Lucien ;
Mashkonisi (petit ours), Rémi.
Des enfants, juste des enfants. Avec leur prénom, on a volé leur âme pour la façonner au goût d’une Église. On a torturé et négligé leur corps, et on les a laissé pourrir dans l’oubli sans que ceux qui les aimaient le sachent.
« Ils/elles n’étaient que des petits sauvages. » Pourtant, y avait-il plus purs qu’eux ? Les autres saints peuvent aller en enfer et garder leur prénom pour eux.
Je redonnerai aux miens les leurs :
Kimla – Nitauassim (l’enfant des bois – mon enfant), Etienne ;
Atikuss – Nitauassim (l’étoile – mon enfant), Frédéric ;
Nitanish (ma fille), Marie-Laure ;
Nussim (mes petits-fils) ;
Et désormais, mon conjoint sera Nitshishelim.
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