Les changements climatiques ne menacent pas seulement notre environnement, mais aussi la santé publique. Au cours des prochaines décennies, ils imposeront des coûts de plusieurs milliards de dollars à notre système de santé et ils priveront notre économie de dizaines de milliards en perte de salaires et de productivité. Surtout, les impacts des changements climatiques risquent d’écourter la vie d’un grand nombre de Canadiens.

C’est la conclusion alarmante du plus récent rapport de l’Institut canadien pour des choix climatiques dévoilé le 2 juin dernier. Basé sur des recherches et des modélisations approfondies, il évalue les impacts possibles au pays, selon des scénarios de faibles et de fortes émissions de gaz à effet de serre.

La bonne nouvelle de ce rapport ? En investissant dès maintenant – notamment en s’attaquant aux causes fondamentales qui rendent les personnes vulnérables –, nous pouvons réduire considérablement ces coûts. Et des investissements stratégiques réalisés aujourd’hui s’avéreront certainement profitables à long terme.

En effet, les changements climatiques ont déjà un impact sur la santé des personnes vivant au Canada, mais leurs effets sont appelés à s’intensifier.

Le nombre moyen de jours dangereusement chauds (jours dépassant le seuil de décès liés à la chaleur) devrait passer de 75 à 100 par an en moyenne d’ici la fin du siècle. Cela équivaut à 10 à 14 semaines consécutives de journées dangereusement chaudes chaque été.

Cette chaleur accablante aura un prix élevé : dans un scénario où les émissions mondiales continuent d’augmenter, les effets de l’accroissement de la chaleur sur la productivité entraîneront une perte de 128 millions d’heures de travail par an d’ici la fin du siècle. Cela équivaut à 62 000 emplois à temps plein perdus, soit une perte de productivité de 14,8 milliards de dollars par an.

Avec l’augmentation des températures, l’ozone troposphérique (un composant du smog urbain) devrait s’aggraver. Vers la fin du siècle, on estime que cela pourrait entraîner l’hospitalisation ou la mort prématurée de plus de 250 000 personnes par décennie. Économiquement, cela aura un coût annuel d’environ 250 milliards de dollars.

Bien entendu, d’autres coûts de santé, au-delà des risques spécifiques étudiés dans le rapport, sont susceptibles de dépasser largement ces estimations. Les changements climatiques auront par exemple des répercussions sur la santé mentale des personnes, entraîneront des modifications des écosystèmes et auront un impact négatif sur les cultures et les modes de vie.

Pourtant, malgré ces risques, les mesures visant à aider les collectivités et les ménages à s’adapter aux changements climatiques souffrent d’un manque chronique de financement au Canada et dans le monde. Au cours des quatre dernières années, seulement 3 % des dépenses du gouvernement canadien en matière de changements climatiques ont été consacrées à des mesures d’adaptation essentielles pour la santé, comme les systèmes d’alerte rapide en cas de chaleur.

Cela doit changer dès maintenant. L’argent que nous économiserons, mais plus encore, les vies que nous sauverons, en commençant à investir dès maintenant dans ces mesures, devraient être la seule motivation dont nous avons besoin pour nous mettre en marche.

Nous sommes à un moment charnière pour redéfinir la façon dont les gouvernements abordent la santé et l’adaptation aux changements climatiques. Nous l’avons bien vu dans la dernière année avec la pandémie de COVID-19. La préparation est cruciale pour arriver à faire face à cette nouvelle menace pour la santé publique. D’ailleurs, il est primordial de prioriser des mesures ciblées qui s’attaquent aux causes fondamentales de la vulnérabilité et de la mauvaise santé que sont la pauvreté, les logements inadéquats et l’insécurité alimentaire, car les impacts seront plus importants pour les personnes les plus défavorisées.

Pour réagir efficacement, tous les ordres de gouvernement au Canada doivent, dès maintenant, investir dans les mesures d’atténuation et d’adaptation et coordonner étroitement leur réponse.

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