Pendant que nous nous réjouissons du taux de vaccination que nous avons atteint au Canada, la pandémie continue de faire rage dans d’autres parties du monde. Les images crève-cœur qui nous parviennent nous montrent des patients au souffle court se battant contre la COVID-19.

C’est toujours difficile de partager nos avoirs, surtout quand il y a une incertitude sur ce que nous avons. Dans le cas des vaccins contre la COVID-19, nous avons plusieurs bonnes raisons de partager nos surplus de vaccins et le savoir-faire. Les recommandations du panel indépendant pour la préparation et la réponse aux pandémies sont sans équivoque si nous voulons mettre fin à la pandémie actuelle et prévenir celles à venir : il faut partager.

Écouler les surplus

Les pays les mieux nantis de notre monde, qui représentent 1,16 milliard de personnes, ont commandé à l’avance 4,6 milliards de doses de vaccins de l’industrie pharmaceutique. Ce ne sont pas toutes ces doses qui verront le jour, car ce ne sont pas toutes les entreprises qui ont réussi à produire un vaccin qui a passé le test des essais cliniques. Les probabilités font qu’ils auront amplement de vaccins pour immuniser deux fois, voire trois fois leur population. Le Canada fait partie de ces pays. Il faut écouler les surplus par la plateforme Covax, qui a pour but d’assurer un accès équitable à la vaccination.

Quoique le Canada ait contribué largement financièrement à Covax, le pays devrait se garder une petite gêne et ne pas puiser davantage dans cette réserve mondiale en considérant ses autres avenues d’approvisionnement direct.

Il faut viser un repartage de 1 milliard de doses d’ici septembre 2021, puis de 2 milliards en 2022 pour les 92 pays moins nantis membres de Covax. Les récentes promesses de dons d’un quart de milliard de doses faites au Sommet mondial de la santé à Rome sont encourageantes, mais nous sommes encore loin du compte.

Il est impératif qu’un échéancier précis de partage soit établi pour que les pays récepteurs puissent préparer la logistique adéquate (respect de la chaîne de froid et formation du personnel soignant pour vacciner). Un bon vaccin est un vaccin injecté, un vaccin dans un congélateur est une statistique d’intention.

Lever les brevets

Il faut absolument lever tout blocage potentiel à la production massive de vaccins, c’est un tout. En temps de pandémie, nous avons besoin d’une levée des brevets, d’un partage du savoir-faire et du transfert des technologies, d’un accès aux ingrédients, aux chaînes de production jusqu’à l’étape de la mise en flacons et de la distribution. Sans simplifier de façon trop caricaturale, c’est comme faire un bon gâteau : il faut la recette, mais il faut aussi le savoir-faire du pâtissier, les bons ingrédients, le bon four, la bonne cuisine de fabrication et la boîte de livraison.

Nous allons avoir probablement besoin de façon urgente d’une capacité historique de production de vaccins. La COVID-19 a bien des chances de rester avec nous. Cela va possiblement se traduire par des milliards de doses de vaccin de rappel pour tout le monde tous les ans.

Dans l’immédiat, il faut donner des licences obligatoires et faire le transfert des technologies pour permettre à plusieurs pays producteurs de produire des vaccins. Cela fait partie de la solution pour freiner la COVID-19 dès maintenant. Nous savons que si le virus de la COVID-19 se promène en pleine liberté, il se transmet et mute. Nous voulons éviter une mutation qui échappera à la protection des vaccins présentement mis au point.

À l’avenir, il faudra créer une plateforme de recherche et de développement sur les vaccins et leur redistribution équitable vouée à la création d’un bien commun au lieu d’un bien accessible selon le bon vouloir charitable des pays riches. C’est ainsi que nous allons prévenir la prochaine pandémie.

Le partage n’est pas chose facile, mais c’est le prix à payer pour en finir avec la COVID-19 et pour prévenir les prochaines pandémies. C’est pragmatique comme posture, mais c’est aussi concrètement solidaire.

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