La chronologie des évènements qui ont mené au développement des premiers vaccins contre la COVID-19 est stupéfiante.

Le 11 janvier 2020, des chercheurs chinois ont identifié la séquence génomique du virus SARS-CoV-2 qui produisait une étrange pneumonie chez certains résidants de la ville de Wuhan, en Chine. Quelque 48 heures après la publication des résultats, des scientifiques de l’entreprise Moderna avaient synthétisé le génome du virus. Le 16 mars, Moderna, en association avec le National Institute of Allergy and Infectious Disease (NIAID), a lancé la première phase clinique d’un vaccin à ARN messager. Et en décembre, moins d’un an après la découverte des premiers cas de COVID-19 en Chine, les entreprises Pfizer/BioNTech et Moderna ont annoncé l’aboutissement des phases 2 et 3 d’évaluation de la sécurité et de l’efficacité des vaccins. Des vaccins avec une efficacité de 90 % à prévenir la COVID-19.

Les travaux de Jenner, puis de Pasteur ont contribué à l’essor de la vaccination qui a permis d’éradiquer et de maîtriser bon nombre d’infections. Qu’on pense à la variole, la diphtérie, la poliomyélite, la rougeole, la tuberculose et bien d’autres, l’histoire de la vaccination est jalonnée de réussites.

Les nouveaux vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna contiennent des morceaux d’ARN messager englobés dans des nanoparticules lipidiques. Lorsqu’injecté dans le bras, cet ARN pénètre dans des cellules, puis traduit et reconstruit un fragment non infectieux du virus, la protéine S.

Face à ce leurre, le système immunitaire lance une alarme pour parer cette fausse attaque.

Les cellules immunitaires sont recrutées et activées. Certaines produisent les anticorps qui se lient aux protéines S et d’autres ont comme action de reconnaître les cellules infectées et de les éliminer. Des chercheurs ont observé des niveaux d’anticorps générés par le vaccin quatre fois plus élevés que celui des individus récupérant de l’infection. Notre système immunitaire devient préarmé avec une mémoire immunitaire prête à répondre à une agression de COVID-19.

En date du 7 janvier, plus de 5,9 millions d’Américains avaient reçu le vaccin. Les vaccins peuvent causer fièvre, fatigue et maux de tête, des effets secondaires normaux puisqu’il y a réponse immunitaire. Plus de 60 vaccins sont en phase clinique pour évaluer leur efficacité et leur sécurité.

Le défi de l’opération vaccination

Plusieurs scientifiques conviennent qu’une certaine forme d’immunité de groupe doit être atteinte pour réussir à maîtriser la transmission de COVID-19. L’immunité de groupe est la proportion de la population qui a acquis une résistance au coronavirus soit par infection, soit par vaccination. De nombreux épidémiologistes pensent qu’une immunité de groupe de 70-80 % serait nécessaire pour prévenir la propagation du virus et le développement de la maladie.

Dans un texte de la revue Atlantic Monthly*, Brendan Nyhan, professeur au Collège Darmouth, mentionne que même si un vaccin est exceptionnel, il aura peu d’utilité si les gens refusent de le recevoir. Heureusement, l’opinion générale face aux vaccins est bonne et peu de gens s’y opposent. Juste pour l’année 2018-2019, plus de 95 % des enfants ont été vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Or, persuader les adultes indécis de se faire vacciner contre la COVID-19 sera tout de même un défi.

Les autorités sanitaires devront s’appuyer sur les ressources déjà à leur disposition, des partenaires de la société et une population qui appuie les vaccins pour inciter le plus de personnes à se faire vacciner.

Toutefois, la propagande antivaccin pourrait prendre des allures disproportionnées avec des déluges de tweets, de publications, de vidéos propageant de fausses informations sur les vaccins.

Les fausses histoires antivaccins devront être contrées par de l’information véridique.

Comme l’a déjà dit Franklin D. Roosevelt : « La seule chose que nous devons craindre est la peur elle-même. »

Il est normal que des théories du complot émergent de cette pandémie puisqu’ils permettent aux personnes de donner une explication à un phénomène qu’ils ont de la difficulté à comprendre et sécurisent les personnes face à leur peur de cette maladie.

Avec la croissance grandissante des réseaux sociaux, il est facile de diffuser des fausses nouvelles et d’avoir accès à diverses croyances. Le problème avec la recherche sur l’internet est que n’importe qui peut se créer un site web. Il est donc aisé de tomber dans la désinformation et de se tourner vers des sources sans crédibilité.

Les gens bienveillants ont le droit d’être entendus, de donner leur opinion, de douter. Et les compagnies pharmaceutiques et les autorités sanitaires ont un devoir d’être transparentes dans leurs efforts de développer des vaccins sécuritaires et efficaces distribués au plus grand nombre. Les gens veulent être rassurés et, pour ce faire, ils ont besoin de réponses à leurs questions, d’empathie et d’un sentiment de confiance.

La campagne de vaccination mise en branle par les autorités sanitaires à travers le monde sera longue et remplie d’embûches. La vaccination doit être présentée comme une mesure de santé publique volontaire, sécuritaire et de gros bon sens, afin de nous permettre de retourner à la normalité.

Lisez l’article du professeur Brendan Nyhan (en anglais)

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