Cette lettre s’adresse au premier ministre du Québec, François Legault.

Monsieur le Premier Ministre, je m’appelle Carl-Etienne Juneau et je suis docteur en santé publique. Je vous écris, car des collègues de l’Université de Montréal et moi avons trouvé un moyen de contrôler la COVID-19 à peu de frais sans fermer les commerces ni interdire les activités sociales.

Avant d’aller plus loin, je tiens à saluer votre dévouement pour le Québec. En ces temps de crise extraordinaires, vous êtes fidèle au poste pratiquement tous les jours depuis sept mois. C’est une tâche ardue et immense. Vos critiques devraient le reconnaître davantage ; vous avez toute mon admiration.

L’été dernier, avec des collègues de l’Université de Montréal, j’ai passé en revue toutes les études scientifiques portant sur le contrôle de la COVID-19 par le dépistage.

Selon ces études, il suffirait de dépister 80 % des contacts des personnes infectées et de les mettre en quarantaine en moins de trois jours pour arrêter l’épidémie. Cela nous permettrait de la maîtriser pour environ 4000 fois moins cher que les mesures prises jusqu’à maintenant, selon une évaluation économique de la pandémie de grippe H1N1 en 2009.

D’autres pays le font déjà : les meilleurs exemples étant la Nouvelle-Zélande, l’Islande, Singapour, Taïwan, le Viêtnam, Hong Kong et la Corée du Sud. En mars, la Corée du Sud était aux prises avec la plus grosse épidémie après la Chine. Grâce à un dépistage rapide, en seulement 15 jours, elle a fait passer son nombre de nouveaux cas de plus de 1000 par jour (1er mars : 1062 cas) à moins de 100 (15 mars : 74 cas). La Corée du Sud a ensuite maintenu les cas à moins de 100 par jour pendant cinq mois. En août, elle subissait une deuxième vague. Une vague modeste, avec un sommet à 441 cas. Et dès septembre, elle repassait sous la barre des 100 cas par jour. Il y a donc eu moins de cas en Corée du Sud qu’au Québec, même si ce pays de 51,6 millions d’habitants compte plus de six fois notre population. Il faut le souligner : tout cela sans confiner le pays, contrairement au Québec.

Ne faudrait-il pas s’en inspirer ? Malheureusement, il semble que nous fassions le contraire. Par exemple, le 24 septembre, la CBC révélait que les enquêteurs de santé publique à Montréal n’appellent plus tous les contacts d’une personne infectée. Je tâche de faire avancer l’idée au travail et dans notre système public, mais on me répond le plus souvent que je ne m’adresse pas à la bonne personne. À court de ressources et devant l’urgence de cette deuxième vague, j’ose m’adresser directement à vous. Je réalise qu’améliorer notre dépistage n’est pas une mince affaire. Des investissements importants seraient nécessaires. Mais ils rapporteraient gros, puisque tous les commerces pourraient reprendre leurs activités économiques.

Ces investissements rapporteraient également sur le plan humain : la population pourrait socialiser de nouveau, ce qui éviterait beaucoup de mécontentement et de souffrance.

Si l’idée ne semble pas prioritaire dans notre système public, elle semble populaire auprès des électeurs. Tout le monde souhaite, après tout, retrouver la vie d’avant.

Je connais les programmes de dépistage dans le monde et les stratégies qui les rendent efficaces. J’ai eu l’occasion d’en discuter lors d’entrevues à Radio-Canada, à CBC, au 98,5 FM, dans la Montreal Gazette et ailleurs. Si vous pensez que mon aide peut vous être utile, je suis à votre entière disposition ainsi qu’à celle de votre équipe. Il n’est pas trop tard pour contrôler cette deuxième vague à moindre coût ni pour prévenir la troisième et les suivantes.

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Consultez le résumé de l’étude (en anglais)

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