La pandémie n’est pas le seul mal qui nous afflige profondément en ce moment. Joyce Echaquan. Jacob Blake. George Floyd. Les victimes du racisme et de la discrimination s’ajoutent les unes aux autres. Chaque semaine qui passe, ses conséquences néfastes nous choquent, ici et ailleurs.

Le respect de la diversité n’est pas qu’un enjeu américain, il est présent aussi dans notre société. La colère et l’indignation que le racisme engendre, nous en avons été témoins. Elles nous signalent qu’il y a urgence d’agir.

Il est plus que temps de faire des gestes de façon concertée dans le cadre d’un plan d’action qui englobera toute la société pour un impact durable. Mais il y a aussi des actions qu’on peut mettre en place rapidement, à court terme, afin d’intensifier la lutte contre le racisme et la discrimination dès aujourd’hui. Et l’un des endroits qu’il faut particulièrement cibler dès que possible, c’est l’éducation.

Il est important de souligner que l’éducation sera primordiale dans cette lutte. Les récents évènements tant aux États-Unis qu’au Canada nous rappellent que le parcours est difficile pour la reconnaissance et le respect des différences. Les jeunes Québécois doivent obligatoirement avoir les outils pour ouvrir le dialogue sur le respect de la diversité et l’ouverture aux autres.

Des études ont déjà démontré qu’à partir de 12 ans, nos enfants affermissent leur système de croyances. Il est impératif que la lutte contre le racisme passe par l’éducation et la sensibilisation auprès de nos enfants afin de briser le cycle des préjugés qui perdure. Lorsque le premier ministre du Québec, François Legault, a pris l’engagement de présenter un plan de lutte contre le racisme en juin tout en mettant en place un groupe d’action pour le gouvernement, il a également mentionné que cela doit d’abord s’inscrire dans le cursus scolaire, puisque « le racisme n’est pas inné, ça se transmet ».

Nous ne pourrions être plus d’accord : c’est exactement le terrain d’action de notre organisme, Ensemble pour le respect de la diversité, depuis maintenant 25 ans.

Notre expérience démontre que le milieu de l’éducation est un espace idéal pour apprendre, désapprendre et réapprendre afin de changer les mentalités et les comportements.

Un espace pour travailler sur les formes insidieuses du racisme, les vieux réflexes tellement incrustés qu’ils nous apparaissent comme étant normaux.

D’ailleurs, les jeunes sont non seulement interpellés par cet enjeu, mais ils veulent changer le cours des choses. Avec nos activités, nos rencontrons en moyenne 25 000 jeunes Québécois dans les écoles primaires et secondaires du Québec chaque année. Lors d’un sondage réalisé auprès des participants ayant assisté à nos ateliers interactifs, 81 % ont répondu qu’ils avaient l’intention d’agir contre les préjugés, le racisme et la discrimination dans leur vie de tous les jours. Chez leurs enseignants, ils sont plus de 90 % à vouloir les accompagner dans cette démarche.

Nos jeunes ont vu ces derniers mois les villes américaines s’enflammer à la télévision. Ils ont vu les carrés noirs défiler sur leur fil Instagram, écouté les stories de leurs idoles sur le mouvement Black Lives Matter. Ils ont vu, entendu et échangé. Aujourd’hui plus que jamais, il nous faut continuer notre travail d’éducation et de sensibilisation qui favorise une prise de conscience de la part des jeunes quant à leur responsabilité face au racisme et, du coup, face aux différentes formes d’intolérance dans leur milieu, que ce soit le sexisme, l’homophobie, la transphobie et toute autre forme d’intimidation.

Le parcours des dernières décennies nous confirme qu’il faut développer la capacité d’identifier les manifestations quotidiennes du racisme. Il faut voir les diverses démarches comme un marathon qu’il faut commencer dès aujourd’hui et que nous devons parcourir avec les générations futures. C’est justement pour cela qu’il faut commencer par l’éducation.

* Cosignataires récipiendaires du Prix de la diversité Paul-Gérin-Lajoie : Alanis Obomsawin, documentariste ; Dany Turcotte, humoriste et animateur ; Léon Celemencki, conférencier et survivant de l’Holocauste ; Samian, rappeur-auteur ; Gilles Julien, pédiatre. Cosignataires membres du conseil d’administration d’Ensemble pour le respect de la diversité : Amina Gerba, Francine Laurin, François Morin, Glen Hoa, Jean-François Gaudreault-Desbiens, Julien Nepveu-Villeneuve, Marie Christine Blain, Patrick Grosjean, Rodrigue Lussier et Brenda Gewurz

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