Je sais, je suis à la retraite. Quel est mon intérêt de me préoccuper de ce transporteur pour lequel j’ai passé les 22 dernières années de ma carrière en tant que pilote professionnel et également pour l’industrie de l’aviation en général ?

Justement, c’est l’occasion pour moi de faire savoir aux Québécois, d’une part, toute la fierté qui m’a habité durant toutes ces années à parcourir la planète aux commandes d’un Airbus 330 et surtout, d’autre part, mon inquiétude quant à l’avenir de cette entreprise foncièrement québécoise qu’est Air Transat.

Je réalise très bien que la pandémie ne touche pas seulement le secteur de l’aviation, mais comment grande peut être la déception pour ceux qui, comme moi, ont contribué à développer cette industrie qui était en pleine ébullition au début de nos carrières et qui, quelque 50 années plus tard, va disparaître par manque d’implication de nos gouvernements !

En mars dernier, le gouvernement s’est inspiré de la tendance mondiale en fermant les frontières et en imposant une quarantaine aux voyageurs qui rentraient au pays. Ce fut selon moi une bonne décision pour préserver la santé de la population canadienne. Plusieurs mois plus tard, nombreux sont les pays qui ont pris des mesures de relance du transport aérien en se basant sur la science et en aidant financièrement leur industrie aérienne autant en Europe, en Asie qu’aux États-Unis.

Au Canada, c’est le statu quo sur les consignes sanitaires et, d’après mes collègues, il n’y a même pas d’ouverture pour un dialogue entre le gouvernement et le secteur aérien afin d’envisager une lueur d’espoir pour une reprise éclairée et redonner espoir à plus de 50 000 travailleurs directs et 141 000 emplois indirects.

C’est sans oublier la future génération qui, comme moi à un jeune âge, rêve de piloter des avions et de parcourir le monde ; pour elle, cette ambition n’est plus possible devant l’inaction de nos gouvernements, car avant de pouvoir accéder au haut niveau de compétence requis de la profession, il va lui falloir une bonne dose de persévérance et d’ambition pour y arriver si, et je dis bien si, jamais l’industrie redémarre et revient au niveau d’avant la pandémie.

Il n’y a rien que je puisse faire personnellement pour améliorer la situation si ce n’est de demander l’aide de nos gouvernements au nom de mes anciens confrères et les sensibiliser aux enjeux liés à l’aviation afin qu’ils prennent des actions. Je terminerai en citant un de mes anciens collèges : « Au secours ! Laissez-nous voler ou volez à notre secours ! »

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