On en parle-tu ? De celles qui sont censées prendre soin de nos tout-petits sans distinction ? Qui sont censées exercer leur métier par passion, mais qui, au final, sont rendues les « jurys » de leur propre show aussi médiocre que leur façon de faire ?

Dans ma recherche de garderie post-COVID-19 et après avoir épluché la liste des services de garde offerts sur laplace0-5.com, j’ai vite déchanté. Les rares garderies qui acceptaient d’être contactées ne répondaient ni à mes courriels ni à mes appels. Pas même la garderie privée à 50 $ la journée.

Direction magarderie.ca. Aucune place n’est offerte avant septembre 2021. J’ai un besoin criant de retourner travailler et ce n’est pas possible avec mon enfant de 2 ans à la maison, alors je ne lâche pas, je m’abonne aux notifications (plus cher que Disney+) et j’actualise sans relâche la page de recherche.

Ça finit par fonctionner. Une place est affichée depuis cinq minutes. On répond à mon chum qu’une visite est déjà prévue et qu’on le rappellera si la personne se désiste. Pas de nouvelles.

On décide d’augmenter le périmètre de recherche. Bingo ! Une place est disponible. J’appelle. Ça a l’air que je dois raconter ma vie. Pas grave, j’ai besoin de cette place. La madame me demande ensuite mon nom et mon adresse. Notre village est à 15 minutes de son service de garde. Pour elle, c’est trop. Sauf que c’est à moi que ça devrait poser problème. Et moi, vu les circonstances, ça me convient. Elle clôt alors l’entrevue (c’en était une, au final) par ces mots : « J’ai reçu plusieurs appels, je vais rappeler certains parents pour visiter et ensuite, je choisirai celui que je veux. » PARDON ? Évidemment, pas de rappel.

Quelques jours plus tard, une nouvelle place est affichée. Mon chum appelle; on a une visite de programmée le lendemain. Je prends mon fils, mon masque et on y va. La madame est fine, explique sa philosophie et sa routine pendant que mon fils joue tranquillement. Tout se passe à merveille. Je lui dis alors que j’aime beaucoup son service de garde. C’est là qu’elle m’annonce qu’elle a d’autres visites prévues avant d’arrêter son choix. Booooon, encore un casting. Avoir su, je me serais préparée. Bien sûr, pas de rappel non plus.

Puis, un jour, mon chum m’annonce qu’il nous a trouvé une place dans une garderie dès la semaine suivante. Mais au lieu de sauter de joie, je reste sur mes gardes. Chat échaudé craint l’eau froide.

Je me rends au rendez-vous accompagnée de mon fils. Dès le départ, ça « clique » très fort avec la responsable. Sa fille, qui est aussi dans son service de garde, a le même âge que mon fils et selon elle, la même énergie. Elle répète plusieurs fois qu’ils vont très bien s’entendre et qu’elle est heureuse d’avoir un ami pour sa fille. Que ça va être un très beau groupe. Il commencera donc son intégration dès le lendemain. On se dit bye, à demain.

Tout est parfait ? Peut-être un peu trop finalement, puisque je reçois un appel de sa part. « Finalement, ça a pas fitté avec ton fils, alors on va arrêter là. » Pardon ? Je suis sur les fesses, pour rester polie. Je demande des explications. Elle me répond que finalement elle y a repensé et que ça ne fittait pas entre elle et mon fils, quand ses paroles et ses actes disaient tout le contraire 10 minutes plus tôt.

J’appelle mon chum, en pleurs. Je ne comprends rien. Qu’est-ce qui s’est passé entre le moment où je suis partie et le moment où elle m’a appelée ?

Mon chum la questionne en allant récupérer nos papiers. Elle lui parle d’un « incident » qui se serait produit lorsque nous étions sur place. Je retourne le fil de la rencontre dans ma tête, mais je ne vois rien qui pourrait corroborer ses dires. Mis à part la petite tape sur ma cuisse que m’a mise mon fils parce qu’il était fatigué et que la rencontre s’éternisait. Mais come on. Un enfant de 2 ans qui donne une tape, on s’entend-tu que c’est normal ? Toléré, non, mais normal, oui.

Je me décide à lui écrire. Elle ne me répondra finalement que le lendemain pour me dire que non, c’était une impression générale. Bon. Je me disais bien qu’il ne s’était rien passé.

Et c’est là que j’allume. Et si ?

Ben non franchement, on est en 2020.

Oui, mais quand même.

J’en parle à mon chum.

« Ben non », qu’il me répond.

Oui, sauf que lui a toujours été dans le déni par rapport à ça.

« Ça », c’est le racisme systémique. Celui dont tout le monde a parlé il n’y a pas si longtemps, mais qui est retombé dans les limbes de l’inconscient collectif.

Parce qu’avant de quitter un rendez-vous, je prends toujours la peine de me représenter, vu que neuf fois sur dix, les gens ont mal entendu mon prénom.

Alors je leur dit : « Au fait, moi, c’est Hanane. H.A.N.A.N.E. C’est le mot « tendresse » en arabe.

La phrase de trop.

C’est hélas plus facile d’avoir un rendez-vous quand tu t’appelles Kevin Parent (mon conjoint, pas le chanteur) plutôt qu’Hanane Hassainya.

Voilà ce qui explique mes nombreuses tentatives de rendez-vous et mes appels et courriels sans retour, quand avec mon chum, ça « pogne » du premier coup.

Aujourd’hui, pour avoir une place en garderie, il faut montrer patte blanche et avoir un enfant parfait. Sachez, mesdames, que vos exigences, je leur pisse au cul. Un enfant plein d’énergie est un enfant en santé. Une maman qui souhaite vous confier ce qu’elle a de plus cher au monde est une maman qui vous fait déjà confiance.

Arrêtez d’être aussi exigeantes en retour. Et demandez-vous plutôt pourquoi on vous préfère les Centres de la petite enfance. Là où il n’y a pas de jugement, pas de sélection et surtout pas de racisme, parce que la maman du petit Zack-Édouard est une Arabe.

À bon entendeur...

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