Accueillons-les parmi nous, de façon permanente, afin qu'ils continuent de s'accomplir au sein de notre société

Le message du premier ministre François Legault était pourtant clair le 25 mai dernier ! Les gouvernements fédéral et provincial voulaient démontrer leur reconnaissance à l’égard des personnes en attente de régularisation de leur statut migratoire et ayant travaillé sans relâche sur la ligne de front pendant la pandémie.

Il est indubitable que le travail accompli par ces personnes pendant la crise nous a permis de continuer à fonctionner dans une situation extrêmement difficile. La reconnaissance de leurs efforts s’est traduite par une promesse faite aux immigrants au statut migratoire précaire de pouvoir demander la régularisation de leur statut permanent au moyen d’un programme spécial, sur mesure, ayant vu le jour en réponse aux circonstances particulières que nous traversons actuellement. Non seulement cette reconnaissance était-elle souhaitée par ces travailleurs au statut précaire, mais elle l’était tout autant des gens gravitant dans le milieu de la santé, des bénéficiaires de ces services et de la population en général.

En effet, pendant la pandémie, de nombreux demandeurs d’asile et des personnes sans statut permanent ont répondu à l’appel du gouvernement en prêtant main-forte dans le secteur des services essentiels tout en mettant leur santé en péril au bénéfice de leur société d’accueil.

Grâce à ces travailleurs, une grande partie de la population a été en mesure de rester en sécurité à la maison. Ils se sont sacrifiés afin de donner un semblant de normalité à notre vie quotidienne.

Il était donc tout naturel qu’à notre tour, nous répondions positivement à leur demande en accueillant ces travailleurs de première ligne parmi nous, de façon permanente, et ce, afin de leur permettre de continuer de s’accomplir au sein de notre société. Ces travailleurs ont œuvré non seulement auprès des personnes à qui nous tenons chèrement, soit nos personnes âgées, nos personnes handicapées et nos malades, mais ils ont fait en sorte que chacun d’entre nous puisse continuer d’avoir accès aux produits et aux services essentiels en situation de confinement.

Il serait illusoire de penser à une société viable sans un secteur agroalimentaire qui fonctionne adéquatement et qui assure l’approvisionnement de denrées alimentaires déjà cultivées, acheminées, transformées et vendues. Il en va de même des personnes qui nettoient et désinfectent les lieux publics, tout comme celles qui travaillent dans les entrepôts et qui assurent la livraison des marchandises dont nous avons grandement besoin.

Évidemment, nous pensons tous aux préposés aux bénéficiaires et aux personnes ayant si généreusement répondu aux besoins de nos aînés, de nos personnes handicapées et de nos malades. La régularisation du statut précaire de ces travailleurs n’a pas pour seul objet de les récompenser et de reconnaître leur dévouement, mais également d’assurer le respect et la dignité que ces personnes vulnérables méritent. La pérennité des soins qui leur sont offerts se doit d’être assurée en permettant aux travailleurs au statut migratoire précaire qui répondent à leurs besoins depuis plusieurs mois, voire des années, de poursuivre leur travail auprès d’eux.

À défaut de procéder rapidement à la régularisation du statut de ces personnes, qui donc assurera leur relève ? Ces travailleurs sont indispensables au bon fonctionnement de notre société, puisque peu d’élus se précipiteront pour combler le vide des emplois qui leur sont dévolus.

Bien que l’annonce de cette mesure ait été faite en mai dernier par Québec et Ottawa, force est de constater que le dossier n’avance pas. Il semble qu’Ottawa soit disposé à aller de l’avant avec un programme touchant davantage de travailleurs alors que le Québec souhaite un programme beaucoup plus restrictif en termes d’emplois admissibles. Pourtant, au Québec, les immigrants ont apporté une très grande contribution, autant dans le secteur des soins de santé, particulièrement en tant que préposés aux bénéficiaires, que dans l’ensemble des services essentiels, par exemple au sein de la chaîne de production alimentaire, en tant que gardiens de sécurité, en tant que livreurs et à titre de travailleurs dans plusieurs autres secteurs.

Ils ont continué à travailler dans des conditions non seulement difficiles, mais dangereuses pour leur santé, et ce, pour nous permettre de continuer à fonctionner aussi normalement que possible dans les circonstances que nous connaissons tous. Ce faisant, ils ont déjà démontré leur capacité à s’intégrer ainsi qu’à contribuer généreusement à leur société d’accueil. La reconnaissance collective témoignée à l’égard de ces travailleurs s’est manifestée tout au long de la crise alors que la reconnaissance politique ne se traduit pour le moment que par des paroles qui ne sont suivies d’aucune action concrète.

Madame Nadine Girault, ministre des Relations internationales et de la Francophonie, de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Monsieur le Premier Ministre François Legault, nous vous demandons de reconnaître le travail accompli par ces personnes dont le statut est précaire et de mettre tout en œuvre pour les garder de façon permanente.

En ayant répondu à l’appel, ces dernières ont déjà prouvé qu’elles peuvent contribuer de manière positive à notre société et que nous serions les véritables perdants de les voir obligés de retourner dans leur pays. C’est maintenant à notre tour d’en faire autant, sans quoi le vide laissé par le départ de ces travailleurs à statut précaire risque de se traduire par la possibilité d’une crise double qui n’aurait pour effet que de fragiliser une société déjà à bout de souffle.

* Signataires : Me Guillaume Cliche-Rivard, Me Ibii Otto, Me Luciano Del Negro, Me Olivier Badolo, Me Guy Nephtali, Me Dan Bohbot, Me Marie-Hélène Giroux, Me Viviane Albuquerque, MeMurhula Jugauce Mweze, Me HoSung Kim, Me Jessica Lipes, MeAnnie Bélanger, Me Sabine Venturelli, Me Martin Lotard Bayigwalag, Me Marie-José Blain, Me Jamal Fraygui, Me Brigitte Objois, Me Jennifer Chriqui, Me Mohammed Diare, Me Yasmina Benihoud, Me Perla Abou-Jaoudé, MeWalid Ayali, Me Barbara Brizuela, Me Nathalie Ferreras, Me Claudia Aceituno, Me Alima Racine, Me Andrey Leshyner, Me Ion Ciobanu, Me Jean-Sébastien Boudreault, Me Mary Keyork, Me Ibrahima Dabo, Me Éric Taillefer, Me Cynthia Bergevin, Me Odette Desjardins, Me Gisela Barraza, Me Alexandra Louise Klein, v Marie-André Fogg, Me Cristian E. Roa-Riveros, Me Stéphane Handfield, Me Nabih Ouled-Zaoui, MeAnh Thu Tran, Me Hugues Langlais, Ad. E., Me Fanny Cumplido, Me Cynthia Niteka, Me Aminata Ba, Me Rym Jawad, Me Carole Chelhot, Me Julien Primeau-Lafaille, Me Alejandro Saenz, Me Didier Leroux, MeFatoumata Binta Tirera, Me Sue Kang, v Rose Bossou, MeDanielle Arpin, Me Carole Fiore, Me Fabiola Ferreyra Coral, Me Rajaa Bellafqih, Me Krishna Gagné, Me Patil Tutunjian, Me Alfredo Garcia, Me Jennifer Ganeshanathan, Me Isabelle Dongier, Me Yasmine Guillaume, Me Geneviève Binette, Me Georgia Pappis, Me Mai Nguyen, Me Marius Maxim, Me Virginia Cabello C., Déborah Andrades-Gingras, Me Sabine Laval, Me Joyce Yedid, Me Fevziye Oguzer, Me Yamilet Almeida Hernandez, Me Avi Gomberg, Me Jihane Chikhi, Me Coline Bellefleur, Me Mariama Diallo, Me Séna Lahaye Houndjahoue, Me Barbara Bertrand, Me Lydie-Magalie Stiverne, Me Nicholas Alexandris, Me Michael Dorey, Me Cliford Dominique, Me Idalmis Carreras-Rios, Me Richard Goldman, Me Suzanne Taffot, Me Francine Décarie, Me Latifa Benabdelouahid, Me Johanna Elhadad, Me Fantine Capo-Chichi, Me Rosalie Caillé-Lévesque, Me Caroline Turcotte-Brûlé, Me Moriba Alain Koné, Me Benoît Bessette, Me Caroline Mouralian, Me Jonathan Veilleux, Me David Chalk, Me Kate Forrest, Me Vincent Desbiens, Me Julien Labrie-Masse, Me Souad Hamida, Me Stewart Istvanffy, Me Saguy Barchichat, Me Bin Xia Zhang, Me Daniel Epstein, Me Sami Louzi, Me Marie-France Chassé, Me Melissa Singer, Me Niousha Riahi; Me Abderrahim Si Ali; Me Patrizia Ruscio; Me Laurianne Ladouceur; Me Laurence C. Trempe, Me Joseph W. Allen, Me Ibrahima Bocar Thiam, Me Pierre Emmanuel Girard, Me Nazar Saaty, Me Kathleen Gaudreau, Me Jouman El-Asmar, Me Aboubakar Ouedraogo, Me Tatiana Gomez, Me Anabela Dias Cosme, Me Adèle Mardoche, Me Vincent Dubuc-Cusick, Me Bouchra Aaboudate, Me Nicole Goulet, Me Kathleen Hadekel, Me Deborah Enokou, Me Catherine Paris Amstrong, Me Jacques Beauchemin, Me Nilufar Sadeghi, Me Alain Joffe, Me David Berger

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