Au départ, elles devaient partir pour un road trip amusant afin de fuir leur vie banale et leurs conjoints violents. Mais ce périple n’a pas tourné en leur faveur. Malgré tout, Thelma et Louise ont eu une sorte de « déclic en elles », comme le mentionne si bien, dans ses mots, le personnage interprété par Geena Davis dans le célèbre film du réalisateur Ridley Scott.

Le type de révélation qui mène à comprendre que notre vie, même semée d’embûches, mérite d’être vécue, et que l’éveil personnel peut se faire, peu importe son âge, son genre, son ethnie, sa religion ou son orientation sexuelle.

La pandémie que nous venons de vivre – et qui sévit encore – a provoqué un déclic chez plusieurs, hélas souvent trop silencieux. Ce qui devait être à l’origine un congé forcé de deux semaines s’est transformé en trois longs mois d’arrêt. Et plus que jamais, les failles de notre système social ont été exposées. Impuissants, nous avons vu mourir nos aînés par centaines. Nous avons entendu les plaintes des préposées aux bénéficiaires, souvent issues de l’immigration, qui travaillent dans une grande détresse depuis longtemps. Puis il y a eu les infirmières, les professeurs, les entrepreneurs : tous ont revendiqué de meilleures conditions. Pendant ce temps, des multinationales recevaient des subventions et des grands patrons empochaient des bonus.

Mais pourquoi avoir attendu une pareille crise pour provoquer une réflexion, s’il y en a une, sur nos façons de vivre ?

Déjà, il y a 20 ans, dans son livre No Logo, la Canadienne Naomi Klein dénonçait haut et fort la suprématie des marques, leur pouvoir sur notre bonheur et la mondialisation qui allait élargir le fossé entre les riches et les pauvres, entraînant un mouvement des populations. Nous avons vu se défiler ce spectacle sous nos yeux au cours des dernières décennies, mais le rythme de la vie nous a empêchés de nous y attarder très longuement. Certes, nous sommes allés marcher avec Greta pour le climat, nous avons soutenu les mouvements #metoo et #BlackLivesMatter, mais avons-nous vraiment amélioré notre vie ? Pourquoi avons-nous laissé tomber nos aînés, malmené nos écoles publiques, permis aux gouvernements de donner des réductions d’impôts aux géants du web pendant que les médias traditionnels, gardiens la démocratie, mourraient à petit feu ?


Certes, nous vivons dans un certain confort, mais nous ne devons pas être indifférents pour autant. Nous devons être plus exigeants. Continuons à faire la guerre aux paradis fiscaux. Assurons un salaire minimum de base pour tous les foyers. Offrons de meilleures écoles aux jeunes. Conservons les médias pour assurer la démocratie. Versons de l’argent pour une meilleure qualité de vie pour nos aînés. Visons un meilleur bien-être individuel et collectif. Les années à venir seront difficiles pour l’économie. N’attendons pas que la main invisible s’en charge. Soyons exigeants. Faisons-nous entendre. Vivons collectivement ce déclic en soi.

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