Le texte ci-dessous est tiré de l’allocution prononcée par Charles-Mathieu Brunelle, directeur d’Espace pour la vie, à l’occasion d’un événement virtuel organisé le 5 juin dernier en collaboration avec le Secrétariat de la convention sur la diversité biologic des Nations unies dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement.

Comment pouvons-nous contribuer à préserver la biodiversité, développer des projets plus organiques et ainsi contribuer à un projet de société plus juste ? Comment pouvons-nous activer notre potentiel humain en faveur de la biodiversité, en complémentarité avec les autres espèces de notre planète ?

Cette question résonne en moi encore davantage dans le contexte actuel où le quotidien nous confronte à nous-mêmes et où l’on parle de mettre en place de nouvelles pratiques qui deviendront la norme. Bien qu’il soit rassurant de se dire que nous allons reprendre le contrôle, nous n’avons d’autres choix que de nous adapter et d’apprivoiser les inconforts de l’incertitude.

En réalité, je ne crois pas qu’on sache encore où l’on va. On cherche une avenue et une direction. Alors, pourquoi ne pas commencer par ce qui mérite notre attention et donc la profondeur de l’intention ? Qu’est-ce qui m’anime le matin quand je me réveille ? Quelles valeurs résonnent en moi ? Qu’est-ce que je dois faire afin d’être en cohérence avec mes actions ?

Des voix s’élèvent de partout et expriment le désir de profiter de cette pause imposée pour repenser notre organisation sociale, repenser nos modes de vie, repenser notre rapport à la nature. Mais sommes-nous vraiment en pause ou dans un continuum d’adaptations ?

Certes, nous manquons de recul sur la situation. On ne peut cependant s’empêcher de se poser toutes ces questions, alors que le quotidien nous rentre dedans.

« Il y a une fissure en toute chose par laquelle la lumière peut entrer », disait si bien Leonard Cohen. Le temps est venu d’apprivoiser cette brèche, ce qu’elle nous révèle sur nous-mêmes, nos a priori, nos convictions, nos fuites, qui sont un frein à la reconnexion réelle à autrui et à la nature.

Rien ne m’apparaît plus important et nécessaire actuellement que de « prendre soin ».

Prendre soin des autres. Prendre soin de soi aussi, en assumant résolument son rôle.

Mieux se connecter à soi, afin de mieux se connecter aux autres, peut-être est-ce de ça aussi dont nous avons besoin pour changer notre rapport à la nature, pour ressentir intrinsèquement les changements climatiques, pour créer des liens authentiques les uns avec les autres.

Prendre soin de tout ce qui nous entoure, de ce qui vit et vibre autour de nous, de la nature.

Mieux se connecter à soi et aux autres implique de déconstruire l’image à travers laquelle on veut que les autres nous voient. Ces constructions sociales, ces archétypes, à travers lesquels nous nous définissons et sur lesquels nous nous reposons pour construire le monde. C’est une question de survie à mon avis.

Alors, nous déconstruire pour mieux nous reconstruire et construire, ensemble.

Mettre collectivement à profit nos savoirs, nos habiletés, nos passions et nos connaissances. Forer ensemble ce que l’on doit apprivoiser : nos inconforts, nos certitudes et autres traits humains qu’il serait heureux de questionner pour s’assurer que nous adoptions des comportements responsables, dignes et surtout respectueux du vivant sous toutes ses formes.

Réfléchir, sincèrement, peut-être sous un angle différent, que l’on propose plus personnel, aux enjeux de la biodiversité : un brassage de savoirs et d’expertises, impliquant des gens engagés, de différents milieux, de différentes cultures, de différents horizons.

Nous percevoir les uns les autres en totale complémentarité ; en équilibre.

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