Le soutien financier du gouvernement fédéral au réseau d’organismes communautaires touché par la COVID-19 a été reconnu comme un élément important et a même été mentionné à maintes reprises lors des différents points de presse.

Et avec raison. Ce soutien financier est crucial si nous voulons continuer d’offrir des services aux personnes défavorisées et aux plus vulnérables. Nos employés et nos bénévoles sont prêts à prendre des risques personnels considérables de façon désintéressée. Mais nos gouvernements doivent nous soutenir dès maintenant s’ils veulent que nous continuions à faire cet important travail sur le terrain.

La manière dont ce soutien sera déployé est importante. Les délais pour le recevoir seront aussi cruciaux, car la plupart de ces organismes à but non lucratif n’ont pas facilement accès aux prêts ou aux capitaux.

Mais il importe également de considérer que les organisations caritatives ne sont pas toutes égales.

Une responsabilité financière solide et transparente doit sous-tendre tout programme de financement d’urgence pour garantir que l’argent sera investi judicieusement. Les programmes de financement d’urgence devraient également être conçus pour soutenir les organisations qui ont besoin de soutien financier maintenant, comme celles qui sont actives durant la crise afin de fournir de l’aide et des soins sur le terrain. En effet, un certain nombre d’organismes à but non lucratif ne sont pas en mesure de fournir des services pendant la pandémie. Il peut donc être plus approprié pour certaines d’entre elles de demander du soutien via les divers programmes disponibles pour les PME.

Les organisations de première ligne qui fournissent des services aux personnes vulnérables sont présentement impactées de deux façons. Par conséquent, tout soutien gouvernemental devrait être adapté en conséquence.

Recouvrement direct des dépenses liées aux services essentiels

Certaines organisations ont réorganisé leurs services et leur personnel afin de fournir des services essentiels aux personnes dans le besoin pendant cette pandémie. Certains ont ajouté du personnel rémunéré pour remplacer les bénévoles, ouvert de nouvelles installations et acheté ou loué du matériel. Beaucoup doivent aussi payer des salaires plus élevés aux travailleurs de première ligne. Ce sont des coûts importants qui peuvent être expliqués en détail et qui devraient être remboursés rapidement. Des fonds d’urgence pour certains de ces services comme les banques alimentaires et les refuges pour les personnes en situation d’itinérance ont été annoncés par le premier ministre Trudeau, mais aucune de ces sommes n’a été reçue.

Remplacement des revenus perdus 

Presque tous les organismes sans but lucratif connaîtront une certaine perte de revenus pendant et après cette pandémie. Dans certains cas, les pertes ont déjà commencé. Les organisations qui tirent la majeure partie de leurs revenus des entreprises sociales comme les friperies ou les cafés en ont ressenti l’impact. Les plans pour les futurs événements de collecte de fonds comme les dîners et les tournois de golf ont été annulés ou reportés indéfiniment. Les dons réguliers des principaux donateurs ont ralenti en raison de l’incertitude économique. Les grandes fondations qui dépendent des revenus de leurs avoirs boursiers ne peuvent pas prendre le relais, car leurs portefeuilles d’investissement ont aussi été grandement atteints. Afin de répondre à la demande, la tentation du gouvernement peut être de répondre à ceux qui crient le plus fort ou, en vue d’agir rapidement, d’essayer de compenser tout le monde également. Mais ceci serait imprudent. Le moyen le plus efficace de remplacer les revenus perdus consisterait plutôt à évaluer les pertes à court et à long terme et de mettre en place des programmes spécifiques pour chacun en se basant sur les chiffres des années précédentes.

Le secteur communautaire canadien aura besoin d’un soutien financier accru pendant et après cette crise. Si une récession mondiale venait à survenir, les organisations qui dépendent de dons privés seront grandement affectées et certaines pourraient ne pas être en mesure de continuer à fonctionner. Les Québécois devraient donc insister pour que ces organismes communautaires obtiennent l’aide nécessaire pour continuer à servir ceux qui en ont le plus besoin. Car malheureusement, il est clair que les besoins ne feront qu’augmenter, et ce, même après la fin de la pandémie.

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