Depuis le début de la crise de la COVID-19 au Québec, on entend çà et là deux grandes observations sur le plan de la scène politique. D’abord, qu’il fait bon de voir les partis mettre leurs différends de côté pour coopérer avec le gouvernement. Ensuite, que l’opposition au gouvernement est de ce fait quasi inexistante, si ce n’est que du travail journalistique lors des points de presse quotidiens. 

S’il est vrai que le rôle des médias prend tout son sens en cette période de grands bouleversements sanitaires et économiques et que les journalistes accomplissent présentement un boulot exceptionnel, je suis en complet désaccord avec le début de cette dernière affirmation, sur la supposée disparition de ce qu’on qualifie d’« opposition ». Je vous ramène à la première observation concernant la partisanerie pour vous expliquer mon point de vue.

Revenons en arrière pour un instant. Il était une fois une époque lointaine… il y a trois semaines, alors que la joute parlementaire allait toujours bon train à l’Assemblée nationale. Un exemple du business as usual qu’on y côtoie quotidiennement ? Au sein d’un parti d’opposition, lorsque le gouvernement soumet une idée ou dépose un projet de loi, on s’affaire à trouver LA faille, LE détail sur lequel déchirer sa chemise et ainsi espérer faire basculer l’opinion, et ce, même quand on est (privément) forcé de reconnaître que l’initiative gouvernementale est somme toute positive pour la population. Mais il n’est pas question de l’avouer publiquement : le gouvernement doit absolument avoir tort et les oppositions, raison. C’est comme ça que ça fonctionne. La partie gouvernementale n’est pas non plus en reste, elle qui reconnaît que trop rarement les contributions des élus des oppositions.

Par nature, les partis tels que nous les connaissons opposent un groupe à un autre, avec pour objectif de descendre cet « autre » le plus possible pour arriver à s’élever soi aux yeux de l’électorat visé. Ce principe malsain est à la base même de la dynamique partisane à laquelle nous assistons dans nos parlements.

C’est malheureusement ainsi que fonctionnent les systèmes de partis en place dans la plupart des démocraties occidentales. Nul besoin de préciser à quel point je considère cette attitude néfaste et délétère, une préoccupation manifestement partagée par la population.

Selon une grande enquête internationale publiée par la Fondation pour l’innovation politique en 2019, 79 % des citoyens n’ont en effet peu ou pas confiance dans les partis politiques. Comme députée indépendante, cela fait justement partie intégrante de ma réflexion sur l’avenir de nos institutions démocratiques.

Revenons maintenant au temps présent, celui de la crise dans laquelle nous sommes plongés collectivement. Dans l’ensemble des circonscriptions, les députés sont proactifs auprès de leurs concitoyens et se sont placés en mode constructif, toutes formations politiques confondues.

Les écarts strictement partisans se font très rares. Ce sont eux qui sont dorénavant quasi inexistants, non pas le principe d’« opposition » au sens où nous devrions normalement l’entendre, c’est-à-dire des contrôleurs de l’action gouvernementale (la désignation « opposition » constitue par ailleurs un très mauvais choix de terme… mais c’est là un autre débat).

Ce que je vois autour de moi aujourd’hui, ce sont plutôt des élus qui posent des questions constructives au gouvernement et qui lui suggèrent des propositions désintéressées. 

Les ratés constatés, lorsqu’ils surviennent, sont soulevés calmement et respectueusement, avec une constante volonté d’améliorer, en ayant comme principal souci la recherche du bien commun. Ce changement d’attitude tranche avec l’habitude et fait franchement du bien. Et si, après la crise, on le faisait perdurer ?

On ne peut peut-être plus sortir, mais rien ne nous empêchera de rêver…

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