Voilà quelques jours, j’ai vécu une expérience humaine qui m’a ému et, de surcroît, m’a fait grandir et surtout réfléchir sur la vie.

Je connais Gilles depuis environs cinq ans : militaire de carrière, haut gradé maintenant à la retraite, il a parcouru le monde. Il vient d’avoir 68 ans.

Il y a deux semaines, je reçois un courriel d’une connaissance commune m’annonçant que notre ami était gravement malade et que les médecins ne lui donnaient que quelques mois à vivre. J’ai été estomaqué par cette nouvelle, car je l’avais rencontré par hasard voilà quelques mois et il semblait en pleine forme.

Sa conjointe m’a contacté en m’indiquant que ma visite ferait du bien à son homme. J’avais tellement de peine que j’hésitais, car celle-ci m’avait indiqué que son état de santé se détériorait. Le jeudi 17 décembre, je me décide et me rends chez lui. Gilles vient lui-même m’ouvrir et je constate immédiatement sa maigreur, son teint et la lenteur de ses mouvements et j’ai le cœur en miettes.

Il me dit spontanément : « Michel, je quitte le samedi 26 décembre. »

– Tu quittes pour où ? que je lui demande.

– J’ai demandé l’aide à mourir et je quitterai ce monde entouré de ma famille. Mon cancer est fulgurant, souffrant, avec aucun espoir de guérison et mon médecin m’annonce que le pire est à venir.

Mon ami était serein, triste, mais tellement lucide dans sa décision et, qui plus est, en paix.

Ému aux larmes, je lui ai posé quelques questions : « As-tu peur de mourir ? »

– Non, dit-il. J’ai eu une belle vie, une belle carrière et je ne regrette rien. J’ai fait des erreurs, bien sûr, mais avec les moyens du moment.

– Crois-tu à quelque chose après la mort ?

– Oui, et cela m’aide énormément dans ma décision.

Après une heure en sa compagnie, j’ai quitté Gilles pour la dernière fois. Je me félicite d’avoir surmonté mes craintes. Quelle situation paradoxale : autant j’ai de la peine, autant cette peine me redonne confiance en l’humain et en cette capacité de résilience. Celle de pouvoir décider, lorsque c’est possible, de quitter cette Terre dans la dignité la plus complète.

Salut, mon lieutenant-colonel, comme j’aime interpeller mon ami. Et bon voyage.

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