Infowars, OANN (One American News Network), Newsmax, Gateway Pundit, Breitbart News, American Affairs… ce chapelet de médias ultraconservateurs prie tous les jours pour que Donald Trump se représente en 2024. Qu’il le fasse ou non, qu’importe. Il restera présent sur l’échiquier politique américain. Du pain bénit pour un écosystème à genoux devant le 45e président plébiscité par plus de 73 millions de fidèles le 3 novembre.

Fox News n’étant plus la « lumière divine » des trumpistes, chacun, petit et grand, cherche à détrôner la chaîne câblée de Rupert Murdoch. Le mieux placé est sans doute le Sinclair Broadcasting Group avec ses quelque 200 stations de télévision locales.

Fondé en 1986, 10 ans avant Fox, il dit se situer « au milieu » politiquement. C’est là un véritable tour de force dans un paysage télévisuel qui opine plus qu’il informe.

Même CNN, qui se veut « objective », a pleuré de joie avec son commentateur Van Jones à l’annonce de la victoire de Joe Biden.

Et lorsque Trump refuse de reconnaître sa défaite, l’animateur vedette Anderson Cooper a ces mots : « C’est le président des États-Unis, la personne la plus puissante au monde, et nous le voyons comme une tortue obèse retournée sur le dos, se débattant sous le soleil brûlant, réalisant que son temps est révolu. »

Et dire que plus de la moitié des adultes américains s’informent encore grâce au petit écran !

Des faits aux « faits alternatifs »

« Le fait doit être vérifié pour que le commentaire soit juste », enseigne-t-on dans la centaine d’écoles de journalisme aux États-Unis. « Équité, précision et impartialité », répète-t-on dans les salles de rédaction de « droite », comme de « gauche ».

C’est encore vrai. Heureusement. Mais plus du tout dans les chaînes câblées. Certaines comme MSNBC se disent ouvertement « progressistes ». D’autres comme Fox News ont pris le relais de la ribambelle de stations de radio diffusant depuis les années 1980 le Rush Limbaugh Show, l’animateur américain le plus écouté avec 20 millions d’auditeurs qui, chaque semaine, boivent ses paroles anti-écolos, anti-féminisme, anti-homosexuels. Il a été décoré par Trump. La médaille présidentielle de la liberté. Rien de moins.

Parallèlement, aux stations de radio et de télévision, le bimensuel National Review et le Washington Times, quotidien de la secte Moon, diffusent la « bonne parole conservatrice ». Pas assez à droite, et surtout pas assez critiques du Parti républicain, ils sont cependant en perte de vitesse.

Plus que jamais, les médias conservateurs se transforment en « chiens de garde » du Grand Old Party.

Longtemps à la marge de l’écosystème médiatique « libéral », ils sont devenus de formidables machines propagandistes des classes moyennes en chute libre économiquement, des ouvriers frappés de plein fouet par la mondialisation, et de tous ceux déboussolés par une Amérique « post-raciale ».

C’est là une bonne partie des fidèles de Trump. Il y a quatre ans, Hillary Clinton les avait qualifiés de « basket of deplorables ». Aujourd’hui, ils sont accros au sensationnalisme basé sur les fake news et les théories du complot de l’heure.

Ces « faits alternatifs », pour reprendre une expression chère à Kellyanne Conway, l’ex-conseillère de Trump, la médiasphère conservatrice en a fait sa marque de commerce.

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