Je suis perplexe.

J’habite devant le square Dézéry, donc voisin immédiat du défunt campement Notre-Dame. Dans les médias, il était généralement rapporté que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. J’ai vécu pour ma part une autre réalité, puisque le parc devant chez moi a été kidnappé par ces nouveaux usagers et subséquemment déserté par la clientèle jeune et familiale qui le fréquentait jusqu’à ce que la Ville de Montréal installe son centre de jour pour itinérants sur le terrain de bocce du parc, au milieu de l’été.

Mes voisines, qui gèrent un service de garde en milieu familial, n’allaient plus dans l’aire de jeux pour enfants pour cause de seringues souillées et de tessons de verre, par exemple. Et compte tenu de la situation physique – et parfois mentale – de cette clientèle, devinez les invocations nocturnes, et parfois tonitruantes, de l’ensemble des artefacts de notre patrimoine religieux…

Bref, au nom de la libârté, nous avons vécu avec ce voisinage jusqu’à ce que la bise fut venue.

Pourtant.

Nombre de mes voisins, et plusieurs personnes du quartier et d’ailleurs, ont fait preuve d’une belle solidarité vis-à-vis de ceux que, à une époque ancienne, on appelait les gueux.

Nourriture, couvertures, génératrice, essence, argent, beaucoup leur a été offert.

Et ce que j’entends depuis trois jours autour de moi, c’est :

– Ils ne faisaient de mal à personne ;
– Ils étaient bien entre eux et une discipline interne s’était établie ;
– Les refuges, ce sont des prisons à temps partiel : on les fait entrer à telle heure et le matin, on les fout dehors ;
– Et, évidemment, pas d’alcool, pas de drogue, soit, mais pas de chien ? – Au moins, dans leurs tentes, ils étaient libres ;
– Ils vont se ramasser dans des maisons de chambres insalubres ;
– Ils vont recommencer à se blottir dans l’entrée des commerces et à geler au grand froid ;
– Pourquoi n’y a-t-il pas de logements sociaux pour cette clientèle démunie ?

Tout ça donne à réfléchir.

C’est, bien sûr, un problème commun aux grands centres urbains. Montréal, oui, mais Toronto, San Francisco, Vancouver, parmi tant d’autres, vivent les mêmes affres.

Désorganisation des individus, pauvreté endémique, loyers trop dispendieux, désinstutionnalisation massive, faibles ressources en santé mentale, logements sociaux quasi inexistants, chômage prolongé, pandémie et tutti quanti !

Le campement refleurira au printemps.

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