L’auteur s’adresse au ministre de l’Environnement, Benoit Charette

Monsieur le Ministre, votre ministère consacre beaucoup d’efforts actuellement en vue d’atteindre, pour la fin de cette année, la cible de protection de 17 % des territoires du Québec en aires protégées. À cette fin, nous vous proposons à nouveau un site unique à protéger, pour lequel toutes les démarches concernant les aspects environnemental, social et économique ont été réalisées et documentées rigoureusement. Il s’agit du mont Kaaikop, situé dans le sud des Laurentides.

Nous sommes la Coalition pour la préservation du mont Kaaikop, un collectif citoyen bénévole qui s’investit depuis plus de sept ans à vouloir sauver la forêt plus que centenaire, naturelle et jalousement préservée, du majestueux mont Kaaikop, le deuxième sommet de la MRC des Laurentides. Trois conseils municipaux de Sainte-Lucie-des-Laurentides ont appuyé sans réserve nos démarches.

Ce territoire de 40,5 km2 était assujetti à des coupes forestières pour la fin de 2013, mais tout a été arrêté à la suite d’un jugement interlocutoire obtenu en janvier 2014, lequel a donné raison à la municipalité de Sainte-Lucie-des-Laurentides et à la Coalition.

Depuis ce jugement, la Coalition a investi plus de 85 000 $, surtout en études, et ses travaux ont permis de documenter trois enjeux fondamentaux reliés à tout projet de conservation.

Acceptabilité sociale : site régional emblématique de la MRC des Laurentides

Plus de 12 000 personnes, de 60 municipalités à travers le Québec, ont signé une pétition pour sa préservation. Des organismes nationaux et régionaux de protection de l’environnement et de municipalités environnantes ont également donné leur appui, tout comme la communauté mohawk, le mont Kaaikop alimentant en biodiversité son territoire de chasse et de pêche.

Environnement : deuxième sommet de la MRC des Laurentides

On y trouve un présence très importante de vieilles forêts denses et en santé indispensables au maintien et au foisonnement de la biodiversité. La biodiversité la plus riche est dans le sud du Québec et le mont Kaaikop s’y trouve. Le mont Kaaikop assure la connectivité de plusieurs zones de conservation et de couloirs fauniques et floristiques naturels. Il est un des sites de l’écocorridor laurentien en développement et est un maillon important de l’écocorridor Kaaikop-Ouareau reliant les Laurentides et Lanaudière.

Économie : importante étude économique réalisée par l’équipe de Jérôme Dupras, chercheur reconnu

Il est clairement démontré que conserver est plus rentable que couper. La conservation augmente la valeur des services écosystémiques liés aux activités récréotouristiques, aux habitats pour la biodiversité, à la valeur esthétique et aux services culturels autochtones.

À cet effet, l’Interval, une coopérative à vision OBNL, en opération depuis 75 ans, exploite à la base du mont Kaaikop de l’hébergement et 40 km de sentiers de randonnée. Plus de 10 000 personnes s’y rendent annuellement.

Protéger le mont Kaaikop contribue directement au principal moteur économique de notre région : la villégiature et le tourisme.

Le 4 juin dernier, nous avons eu une rencontre avec des représentants des ministères de l’Énergie (MERN), des Forêts (MFFP) et de l’Environnement (MELCC). Le but : présenter les grandes lignes du dossier de préservation du mont Kaaikop et déposer un projet de règlement en vue de dénouer cette impasse qui perdure depuis bientôt huit ans.

La proposition, c’est 40,5 km2 d’aire protégée pressentie, dont 23 km2 de catégorie III et 17,5 km2 de catégorie IV, cette dernière catégorie permettant l’exploitation contrôlée des ressources et la mise en place d’un corridor faunique vers le territoire de chasse mohawk Tioweroton.

Cette proposition, que nous qualifions d’équilibrée, fait en sorte que tous les acteurs concernés y trouvent leur compte : la population, la municipalité, le MFFP, et surtout, les zones environnementales les plus riches à préserver.

Mais pour que cette proposition aille de l’avant, le MFFP nous dit que c’est le MELCC qui doit poser un geste pour que ce territoire soit protégé. Et le MELCC nous dit qu’il est présentement impossible d’ajouter un nouveau territoire à la liste de ceux qui sont étudiés en ce moment dans notre région.

Nous sommes pris dans cette situation, entre votre Ministère et celui des Forêts, depuis au moins quatre ans. Pourtant, le dossier du mont Kaaikop est bien documenté et fait l’unanimité. Pour votre Ministère, il serait annonciateur d’un geste fort en matière de protection de l’environnement d’un territoire du sud du Québec, où la biodiversité est la plus riche.

Nous vous demandons respectueusement, Monsieur le Ministre, d’intervenir afin que le territoire du mont Kaaikop soit considéré dans l’atteinte de la cible actuelle de 17 % de protection des territoires.

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