En réponse au texte du ministre Lionel Carmant, « Santé mentale : n’hésitez pas à demander de l’aide », publié le 10 octobre*

Je n’ai pas envie d’argumenter longuement, vu que vous ne lisez probablement pas les commentaires, mais, en tant que psychologue qui a travaillé dans le réseau comme au privé, et bien au fait de la détresse répandue chez les professionnels dans le réseau du fait du manque de ressources – particulièrement en santé mentale –, permettez-moi de douter de vos belles promesses, qui glissent sur certaines réalités.

Le plan de Barrette en santé mentale permettait au moins de donner accès à un minimum de suivi en psychothérapie à la population générale qui n’a pas toujours une assurance pour rembourser ces soins. Ce que vous proposez semble surtout motivé par des considérations budgétaires.

Ainsi, votre Programme québécois pour les troubles mentaux vise à « utiliser à leur plein potentiel les ressources de la première ligne » et vous rappelez que « ce ne sont pas tous les problèmes de santé mentale qui nécessitent l’intervention d’un psychologue ou d’un psychiatre », qu’environ 1500 autres professionnels de la santé ont un permis de psychothérapie. Que font donc actuellement ces autres professionnels dans notre réseau de la santé, qui semble pourtant craquer de partout et manquer de ressources, dans tous les domaines de la santé ? Ils se tournent les pouces ? Ils seront affectés à produire des guides d’auto-soins ou à donner du coaching ? Sans nier vos bonnes intentions, elles me semblent plutôt naïves.

Lorsqu’on en vient à demander un suivi psychologique, la détresse ressentie est généralement suffisamment persistante et sévère pour nécessiter davantage que quelques conseils transmis en ligne.

Et le coaching ne représente pas une approche centrée sur la santé mentale, mais bien une méthode pour atteindre des objectifs concrets. Je n'ai jamais vu de cours de coaching dans les formations cliniques liées à la psychopathologie.

Bien sûr que ce ne sont pas seulement les psychologues et psychiatres qui sont compétents pour intervenir en santé mentale. Et tant mieux si vous avez investi dans l’embauche de ressources additionnelles. Mais votre « vision d’une approche différente » me semble fondée sur des prémisses discutables quand on connaît la réalité du terrain.

* Lisez « Santé mentale : n’hésitez pas à demander de l’aide »

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