Nous redoutions ce 50e anniversaire de la crise d’Octobre. Nous redoutions qu’encore une fois, on passe sous silence ce que fut Pierre Laporte, son parcours d’homme, ses accomplissements de journaliste et de politicien, pour ne présenter que… tout le reste. Nous redoutions que les faits entourant sa mort soient, une nouvelle fois, présentés sous un angle dévalorisant pour sa personne.

Nous nous demandons pourquoi Pierre Laporte paraît blâmé pour avoir voulu échapper à ses ravisseurs, blâmé pour avoir tenté une évasion et s’être blessé grièvement. Pour nous, ce geste était courageux, voire héroïque. Il ne voulait pas mourir. Et tenait à sa famille plus qu’à tout.

L’utilisation de mots peu flatteurs et le discréditant pour décrire ses derniers moments – « Il a paniqué, il criait de toutes ses forces, risquant d’alerter le voisinage. Il était la proie d’une crise d’agitation très violente » (Louis Fournier, La Presse, 27 septembre, 2020) – tend aussi à faire penser que Pierre Laporte, en n’ayant pas été un prisonnier docile, aurait été responsable de sa propre mort. Comme s’il avait voulu provoquer ses ravisseurs et les avait poussés à passer à l’acte, ce qui en quelque sorte dédouanait ses assassins de leur crime.

Nous ne comprenons pas non plus la raison d’être de la complaisance de certaines personnes envers ceux qui ont été condamnés pour le meurtre de Pierre Laporte.

Et nous soulignons le point de vue du doctorant de l’Université Laval, Christian Picard, dans La Presse du 30 août, qui questionne l’adhésion de certains nationalistes québécois aux actions des felquistes et dénonce ce qui ressemble à une apologie du terrorisme.

Enfin, nous aurions apprécié que parmi la panoplie de livres portant sur la crise d’Octobre suggérée dans les médias, comme celle parue dans La Presse le 28 septembre (article d’André Duchesne), soient également suggérés les écrits mêmes de Pierre Laporte qui serviraient à mieux connaître l’homme, sa pensée, ou encore le livre de Jean-Charles Panneton, publié en 2012, qui brosse un portrait éclairant du journaliste et du politicien qu’il fut.

Ce 50e anniversaire de la crise d’Octobre aurait été un bon moment pour, en plus de présenter des faits, des analyses, des opinions, faire connaître une personne liée à jamais à l’histoire d’un Québec qu’il aimait tant. Nous considérons qu’il s’agit d’une autre occasion manquée.

> Lisez le texte de Louis Fournier
> Lisez le texte de Christian Picard
> Lisez le texte d’André Duchesne

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion