Après avoir examiné la situation relative du Canada par rapport à l’ensemble des territoires nationaux*, nous vous proposons aujourd’hui de comparer la situation du Québec avec celle des territoires sous-nationaux du pays (les neuf autres provinces et les trois territoires) et des États-Unis (les 50 États, Washington D.C. et Porto Rico).

Le nombre de cas confirmés

Les États-Unis ont rapidement dérapé à la fin du printemps dernier. En apparence en meilleure posture que le Québec à ce moment-là, les Américains ont joué à l’autruche. Depuis, la situation s’est détériorée chez nos voisins du Sud et aujourd’hui, le taux d’infections confirmées (toujours selon le nombre de personnes qui ont déclarées positives au virus) y est de plus de 2 % ; contre 0,77 % au Québec.

Dans le reste du Canada, c’est l’inverse qui s’est produit. On s’est rapidement conformé aux consignes de distanciation et du confinement de telle sorte que le virus, déjà peu répandu, n’a été détecté que chez moins de 0,25 % des Canadiens vivant à l’extérieur du Québec.

Le nombre d’individus infectés pourrait être beaucoup plus élevé que ce que les tests ont confirmé à ce jour si on accepte qu’il existe une forte proportion d’individus asymptomatiques. Malgré cela, on est encore très loin de l’immunité collective aux États-Unis. D’autre part, étant donné le nombre encore très élevé de cas actifs, rendant plus difficile d’endiguer la propagation du virus, la situation y demeure critique. De ce point de vue, le Canada et le Québec sont très bien positionnés par rapport aux États-Unis.

Évidemment, comme les deux pays sont très grands et que leur population est dispersée, il est pertinent de comparer la situation des entités sous-régionales pour évaluer leur performance relative.

On observe dans le tableau 1, la position de plusieurs territoires sous-régionaux quant au nombre de cas confirmés. La plupart des États américains ont des taux d’infection largement supérieurs aux provinces canadiennes. Trois États ont même des taux d’infection supérieurs à 3 %. Plus du tiers des États ont des taux supérieurs à 2 % et seulement 9 États (qui ne représentent que 4 % de la population américaine) ont des taux inférieurs à 1 %.

De leur côté, toutes les provinces canadiennes affichent des taux d’infection significativement inférieurs à 1 %. Le Québec, le dernier de classe canadien, avec un taux de 0,77 %, se classe d’ailleurs au 47e rang parmi les 65 territoires sous-nationaux.

Si la tendance se maintient, seulement trois États américains, limitrophes au Québec, sont susceptibles de demeurer plus performants que le Québec d’ici quelques semaines (le New Hampshire, le Vermont et le Maine) ; les 3 autres États qui font aujourd’hui mieux que le Québec étant toujours en proie à d’importantes hausses quotidiennes de cas confirmés. En revanche, il est peu probable que le Québec déclasse les autres provinces canadiennes.

Les décès

C’est ici que le bât blesse. Beaucoup. En effet, dans le tableau ci-dessous on observe que le Québec dégringole du 47e rang pour les cas confirmés au 11e rang pour le nombre de morts par million d’habitants avec 676 morts/million d'habitants (m/m). Cela situe le Québec entre le Michigan et l’Illinois alors que la moyenne américaine est de 606 m/m avec ses 200 000 morts ; niveau atteint pendant la nuit du 15 au 16 septembre.

Montréal, pour sa part, se classerait 3e (avec 1683 m/m), tout juste derrière le New Jersey et l’État de New York. À titre de comparaison, le Canada avec 242 m/m, fait mieux que les deux tiers des États américains. Et en y retranchant les statistiques de mortalité du Québec, le taux de 114 m/m placerait le reste du Canada en meilleure posture que presque tous les États américains sauf le Maine, le Vermont, le Wyoming, Hawaii et l’Alaska qui représentent ensemble moins de 1,5 % de ses 331 millions d’habitants.

La statistique du taux de mortalité par million d’habitants fait très mal paraître le Québec surtout parce qu’elle est plus lourde de conséquences que le taux d’infection confirmée.

Toutefois, aujourd’hui, ce qui compte, c’est de regarder devant. Alors qu’un grand nombre d’États américains sont toujours aux prises avec une proportion élevée de cas potentiellement contagieux, au Québec, on estime à environ 2500 le nombre de cas confirmés qui sont toujours considérés comme étant actifs. Même en tenant compte d’une proportion de 80 % de cas asymptomatiques, il y aurait moins d’une personne sur 500 qui est contagieuse en date du 16 septembre au Québec ; une excellente nouvelle.

Le Québec a connu un printemps particulièrement difficile, mais l’évolution de la pandémie pendant l’été le place maintenant dans une situation beaucoup plus favorable que les États-Unis pour éviter une éventuelle deuxième vague ; surtout que nos voisins (les provinces maritimes, les quatre États américains limitrophes du Québec et l’Ontario) ont aussi réussi à juguler la pandémie pendant l’été.

Toutefois, les statistiques des deux dernières semaines commencent à être inquiétantes alors qu’on s’apprête bientôt à s’enfermer pour un long hiver. Il faut espérer que la gestion de la pandémie qui a fait défaut au printemps sera au rendez-vous. On se le souhaite, mais ce qu’on lit dans les médias à ce sujet depuis quelques jours n’est pas très réjouissant ni de très bon augure.

* Lisez « Amélioration graduelle au Canada »

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