En 2020, personne ne réclame un droit à l’enfant. Cette vision est partagée par l’Association infertilité Québec (ACIQ). Par contre, être parent est un immense privilège et une grande responsabilité comme peuvent en témoigner ceux qui partagent le quotidien avec leurs enfants. Pour plusieurs, le projet familial se réalisera de façon naturelle. Mais pour d’autres, l’aide de la médecine est nécessaire.

Alors que les générations précédentes éprouvaient moins de difficultés à concevoir, les plus jeunes sont confrontés à des problèmes de santé reproductive. Les données épidémiologiques sont claires à ce sujet. Le taux d’infertilité était de 5,4 % en 1984, il atteint 16 % aujourd’hui. Un sondage CROP réalisé pour l’ACIQ en 2015 a démontré qu’environ 40 % des 18-35 ans avaient eu recours à des services de procréation assistée ou avaient quelqu’un dans leur entourage qui s’était tourné vers des traitements médicaux.

L’infertilité n’est pas un enjeu uniquement féminin. Le taux de spermatozoïde chez les jeunes hommes est en baisse importante et 90 % des spermatozoïdes sont difformes. À cela s’ajoutent les causes environnementales qui affectent la santé reproductive des plus jeunes générations.

Ces statistiques expliquent en partie le manque de sensibilité envers les inquiétudes des jeunes adultes éprouvant des problèmes de fertilité.

Cette incompréhension s’exprime dans la sphère médiatique, mais aussi dans les familles où l’infertilité demeure un tabou.

En s’ouvrant à propos des difficultés à concevoir, plusieurs recevront des conseils bien intentionnés, mais qui sont mal adaptés à leur réalité. Ou bien, leurs proches leur expliqueront que c’était facile de faire des enfants… à leur époque.

La question de l’infertilité ne devrait cependant pas creuser un fossé entre les générations. Au contraire, il y a plus qui unit les parents, y compris les parents d’intention, que la grossesse soit le fruit d’une conception naturelle ou médicalement assistée. Les modèles familiaux ont évolué, mais nous voulons tous un avenir prometteur pour nos enfants afin qu’ils puissent s’épanouir. Par-dessus tout, nous désirons simplement qu’ils soient heureux.

Une décision difficile

La décision de recourir à la procréation assistée n’est pas facile à prendre. Les traitements sont longs et douloureux. Aux effets sur le corps s’ajoutent les impacts psychologiques et sur le couple, dont plusieurs sont mis à rude épreuve par le diagnostic d’infertilité. Depuis des années, l’ACIQ accompagne et soutient des couples qui s’engagent dans cette voie. La vaste majorité des personnes qui passent par les traitements de fertilité préférerait les éviter.

En 2010, le Québec avait innové en introduisant la couverture de la fécondation in vitro et en limitant les transferts à un seul embryon. Les effets de ces politiques sont connus : plus de 6000 naissances et une réduction significative des grossesses multiples et des nouveau-nés prématurés et aux soins intensifs. L’abolition de la couverture publique a eu un impact dévastateur pour plusieurs parents d’intention qui ont abandonné leur projet de fonder une famille et sur la possibilité de discuter sereinement d’infertilité sur la place publique.

Le Québec de 2020 n’est pas celui de 2010. Et le contexte d’une éventuelle couverture de la fécondation in vitro a évolué. Nous avons tiré des leçons du premier programme.

Le Collège des médecins a publié des lignes directrices pour encadrer la pratique. Le rapport du Commissaire à la santé et au bien-être propose aussi des balises pour rectifier le tir.

À la lumière de l’évolution démographique et épidémiologique du Québec, il est justifié de moduler les soins couverts pour inclure des soins destinés tant aux jeunes adultes qu’aux personnes âgées. Le Québec est capable d’avoir un régime d’assurance maladie qui répond aux besoins de tous et d’assurer une équité intergénérationnelle en matière de soins et de services de santé.

C’est dans cette perspective que l’ACIQ entend contribuer positivement à la discussion sur le rétablissement de la couverture publique de la fécondation in vitro, car l’ensemble du Québec bénéficie de plus de naissances tant par ceux qui peuvent concevoir naturellement, que par ceux ayant recours à l’aide de la médecine.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion