À cause de la pandémie, des milliers de Québécois et de Canadiens ont annulé leurs plans de voyages. Cette pandémie a aussi amené une baisse significative du trafic aérien mondial et une perturbation importante dans l’ensemble du secteur aéronautique ; des voyagistes aux grands donneurs d’ordres, en passant par les lignes aériennes, les équipementiers et les PME faisant partie de la chaîne d’approvisionnement.

Au Canada, où notre industrie compte pour 10 % de la chaîne d’approvisionnement mondiale, cette perturbation continue à avoir des impacts majeurs sur le plan économique. En effet, l’industrie aéronautique, avec ses 31 milliards de dollars de revenus, a contribué pour 25 milliards à notre PIB national avec 213 000 emplois (2018). Bien que le Québec et l’Ontario comptent 81 % d’activités d’usinage en aérospatiale, 51 % des activités entourant la maintenance, la réparation et la révision des appareils se trouvent dans l’Ouest canadien et les Maritimes. Il s’agit donc d’une industrie réellement pancanadienne, génératrice d’emplois de qualité et rémunérateurs, d’un océan à l’autre.

Il s’agit aussi, faut-il le rappeler, de la quatrième industrie exportatrice au pays après le pétrole et le gaz, l’automobile et le raffinage. De plus, l’industrie aéronautique représente une partie importante de notre industrie du savoir, puisqu’elle devance tous les autres secteurs en recherche et développement avec une intensité (calculée selon un ratio R & D/PIB) cinq fois plus importante que la moyenne de toutes les industries manufacturières réunies.

Alors, comment expliquer le silence du gouvernement fédéral devant cette industrie dont les effets structurants sont des plus importants pour notre économie, dont la création de richesse est très significative et dont les attributs stratégiques, notamment en ce qui a trait à la défense nationale, sont déterminants ?

On ne peut se permettre de se désintéresser collectivement d’une industrie stratégique qui connaît une crise sans précédent et qui mérite la reconnaissance comme champion national, alors que les États-Unis se portent au secours de leur industrie aérospatiale avec 60 milliards et que la France et l’Union européenne ont débloqué 40 milliards.

Chose certaine, l’industrie aéronautique et aérospatiale finira par se relever. On prévoit d’ailleurs que c’est en 2023 que la reprise graduelle atteindra les niveaux de demande enregistrés en 2019. Dans l’intervalle, l’industrie a besoin du soutien gouvernemental pour appuyer de nombreux acteurs afin de bien les positionner lors de cette reprise.

Ce soutien dans la transition doit s’inscrire comme une première phase d’une stratégie sectorielle ayant une vision à long terme permettant de maintenir la position du Canada comme leader mondial en aéronautique.

Il est important que le gouvernement fédéral en fasse une priorité nationale dans ses politiques économiques et qu’il investisse dans son développement et dans son succès.

Montréal est considéré aujourd’hui comme la troisième capitale de l’aéronautique après Toulouse et Seattle. Curieusement, tant les États-Unis que la France et l’Union européenne ont porté secours à leurs industries respectives. Qu’attend le Canada pour maintenir notre place sur le podium de l’industrie aéronautique ?

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