Chaque été, de nombreuses coupes forestières sont réalisées dans les forêts publiques du Québec. Ces forêts se trouvent d’ailleurs sur des territoires non cédés des Premières Nations habitant ces lieux depuis des temps immémoriaux.

Dans les dernières années, ce sont en moyenne 180 000 hectares de forêt qui ont été récoltés annuellement. Cela équivaut à la superficie de plus de 250 000 terrains de soccer par année.

Nous sommes des citoyens et associations de citoyens qui travaillent sur des projets d’aires protégées partout sur le territoire du Québec, et qui se heurtent à cet obstacle que représente l’exploitation forestière.

En amont des coupes forestières, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a l’obligation légale de mener des consultations publiques sur les sites qui seront destinés aux coupes forestières.

Nous avons le sentiment généralisé que nos voix ne sont pas entendues lors de ces consultations et qu’il est impossible de changer la vocation d’une forêt une fois que des coupes forestières y ont été envisagées par le MFFP ou l’industrie.

Nous ne sommes pas contre les coupes forestières. Nous dénonçons cependant le manque d’équilibre entre la vocation d’exploitation de la forêt et ses autres vocations socioéconomiques comme la protection de la biodiversité, le récréotourisme ou le maintien des modes de vie et des pratiques traditionnelles autochtones.

Le Québec s’est engagé à atteindre 17 % d’aires protégées d’ici la fin de l’année. À l’heure actuelle, à peine 10 % du territoire est protégé.

Nous croyons également qu’il est important de protéger des territoires pas uniquement dans le nord du Québec, mais aussi dans les autres régions plus au sud afin que le plus grand nombre de gens possible puisse bénéficier de l’accès à la nature qu’offrent nos forêts publiques.

Nous estimons que les compromis ont causé suffisamment de dommages à l’environnement et que nous devrions avoir le droit de refuser que certains territoires que nous chérissons fassent l’objet de coupes forestières. La relance post-COVID-19 passe aussi par la mise en valeur récréotouristique de nos forêts et par sa protection pour les bénéfices sur la santé collective.

Nous demandons donc aujourd’hui au premier ministre du Québec d’intervenir pour que le MFFP cesse à partir de maintenant de planifier des coupes forestières dans des zones à l’étude pour la création d’aires protégées de même que dans les parcs régionaux.

Le MFFP doit par ailleurs travailler de bonne foi à l’accélération de la création d’aires protégées dans le nord comme dans le sud du Québec en vue d’atteindre la cible de 17 %.

Le premier ministre a promis de mettre la protection de l’environnement à l’agenda de son gouvernement. Nous faisons appel à lui aujourd’hui en tant que citoyens impliqués activement dans la gestion de la forêt publique. Cette forêt, après tout, constitue notre héritage collectif et celui des générations à venir.

*Signataires : Claude Samson, président de la Coalition pour la préservation du Mont-Kaaikop (Laurentides) ; Diane Bellon, vice-présidente de l’Association pour la protection des lacs Creux et Dufresne (Laurentides) ; Sébastien Borgeaud, propriétaire de la Pourvoirie Pavillon Basilières (Lanaudière) ; Marc Grenon, vice-président de l’Association pour la protection du Lac Kénogami (Saguenay–Lac-Saint-Jean) ; Linda Otis, présidente d’Eco-Corridor Kaaikop-Ouareau (Ecko) (Laurentides et Lanaudière) ; Jacques L. Drouin, président de l’Association des résidents du Septième Lac à Chertsey (Lanaudière) ; Henri Jacob, président de l’Action boréale et Regroupement écologiste Val-d’Or et environs (REVE) (Abitibi-Témiscamingue) ; Margaret Kraenzel et Louis Fradette, co-porte-parole du Comité de protection des monts Chic-Chocs de la Réserve faunique de Matane (Bas-Saint-Laurent) ; Ève Tremblay, porte-parole du Comité de Sauvegarde de la rivière Péribonka (Saguenay–Lac-Saint-Jean) ; Sylvie Lavoie, coprésidente de l’Association des Amis de la forêt Ouareau (Lanaudière) ; André Douillard, porte-parole du Regroupement de villégiateurs du lac Kénogami (Saguenay–Lac-Saint-Jean) ; Claire Robitaille, présidente de la Coalition Minerve (Laurentides) ; Marc Voinson, président de la Fédération des Associations de lacs de Chertsey (Lanaudière)

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