Dans leur conférence de presse du 7 mai, le premier ministre du Québec, François Legault, et le directeur de santé publique du Québec, Horacio Arruda, nous ont fourni un tableau de la répartition des décès dus à la COVID-19 par groupe d’âge.

Ils ont mentionné entre autres que le pourcentage de décès de gens entre 50 et 69 ans était de 8 %, un pourcentage qu’ils considéraient comme acceptable. Malheureusement, ce pourcentage de 8 % est en soi peu informatif et, somme toute, inutile si on ne le met pas en perspective. Quel est le pourcentage de l’ensemble des décès qui touchent les gens de 50-69 ans ?

Au Québec comme au Canada, et partout dans le monde, les gens meurent. C’est la vie. En 2018, c’est 283 706 Canadiens qui nous ont quittés. Au Québec, 67 216 personnes (23,7 % du total canadien). Aux États-Unis, 2 712 630. En France, 614 138.

Des 67 216 Québécois morts en 2018, 335 avaient moins de 1 an, 537 avaient entre 1 et 29 ans et 60 729 avaient 60 ans et plus (90,3 % du total) dont 51 244 avaient 70 ans et plus (76,2 % du total). En comparaison, selon les données fournies par le premier ministre Legault le 7 mai, des 2631 personnes qui ont succombé à la COVID-19, aucune n’était âgée de moins de 30 ans et 91,2 % avaient 70 ans et plus.

Comparaison dans la répartition des décès par tranches d’âge

Tranche d’âge, % des décès en 2018, % des décès causés par la COVID-19 au 7 mai, Différence

1-29 ans 0,8 % 0,0 % - 0,8 %
30-49 ans 2,4 % 0,8 % -1,6 %
50-69 ans 20,1 % 8,0 %  -12,1 %
70-79 ans 22,6 % 17,4 %  -5,2 %
80-89 ans 32,2 % 40,2 % +8,0 %
90 ans + 21,8 % 33,6 % +11,8 %

En considérant la répartition des décès entre les groupes d’âge, on constate que 8 % des décès dus à la COVID-19 surviennent chez des personnes du groupe des 50 à 69 ans. Or ce groupe constitue normalement 20,1 % des décès, une différence de 12,1 points de pourcentage : les personnes du groupe des 50 à 69 ans meurent moins de la COVID-19 que le suggérerait leur pourcentage de décès en temps normal.

Il en est de même du groupe des 70 à 79 ans. En temps normal (2018), les personnes de ce groupe d’âge représentent 22,6 % des décès, alors qu’elles ne représentent que 17,4 % des décès dus à la COVID-19 en date du 7 mai, une différence non négligeable de 5,2 points de pourcentage : les personnes du groupe des 70 à 79 ans meurent moins de la COVID-19 que le suggérerait leur pourcentage de décès en temps normal.

Les groupes des 80 à 89 ans et des 90 ans et plus représentent 32,2 % et 21,8 % des décès en temps normal, mais 40,2 % et 33,6 % des décès dus à la COVID-19, des différences non négligeables de 8 et de 11,8 points de pourcentage.

Les personnes du groupe des 80 à 89 ans et celles du groupe des 90 ans et plus meurent davantage de la COVID-19 que le suggéreraient leurs pourcentages respectifs de décès en temps normal.

Une présentation comparée des décès dus à la COVID-19 par rapport aux décès en temps normal est essentielle à une information de qualité sur la pandémie actuelle. À défaut de fournir des éléments de comparaison pertinents, les informations transmises par la Direction de santé publique ne peuvent qu’au mieux laisser les citoyens dans un flou inacceptable et au pire les induire en erreur.

Pour de l’information rigoureuse

Il nous faut constater et regretter que nos dirigeants nous aient transmis trop souvent des informations de faible qualité sur le dossier de la COVID-19, en particulier en ce qui a trait aux CHSLD, ce qui se traduit par une baisse de la confiance de la population envers eux. Il nous faut espérer qu’ils sauront améliorer la qualité des informations qu’ils nous transmettront à l’avenir.

Considérant les énormes coûts socio-économiques encourus, les grandes peines imposées aux malades et à leurs familles et les impacts sur la santé mentale de ce confinement généralisé, obtenir des informations fiables et rigoureuses est essentiel. Les bonnes données doivent toujours être exprimées en termes nets et en termes relatifs.

Le leadership doit passer par la bonne information. Encore une fois, les bons mots, c’est bien, mais les bonnes informations et les bonnes données, c’est mieux.

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