« À toutes choses, malheur est bon », aurait dit ma grand-mère qui devait ressembler au grand-père de Boucar : en ce moment, nous avons plus de temps pour penser à nous, à ce que nous sommes collectivement.

Et dans la saga catastrophique que nous vivons, quelque chose me rappelle la capacité des Québécois, non seulement de parler d’une seule voix, mais aussi celle d’aller au bout des choses. Nous l’avons démontré une fois de plus en nous classant au premier rang des états américains et des provinces canadiennes pour le respect des consignes de confinement.

Au début des années 60, quand nous nous sommes mis à produire des interprètes et des auteurs-compositeurs, nous avons très rapidement occupé la première place dans le domaine de la chanson francophone, allant jusqu’à exporter nos vedettes vers d’autres pays de la francophonie et ailleurs.

Lorsque l’idée nous est venue de fabriquer d’autres sortes de fromages, nous en avons inventé 400 variétés. Idem pour la bière, à rendre un Belge jaloux. De partout, on fait appel à notre savoir-faire quand il s’agit de produire des effets spéciaux au cinéma. Nous occupons un rang enviable en matière d’intelligence artificielle. Nous le devons certes à des Québécois de souche, mais aussi en grande partie à des nouveaux citoyens que nous avons su accueillir chez nous.

Posons-nous la question : et si cette propension à développer nos connaissances et à les faire connaître n’était qu’une autre manière d’affirmer notre souveraineté ?

Je ne voudrais pas avoir l’air d’une tête heureuse, mais permettez-moi à mon tour une bouffée d’espoir. Même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, de terre à remuer, de problèmes à régler, le respect collectif que nous nous portons en ces temps difficiles laisse présager un retour à la vie normale moins perturbé que ce à quoi on pourrait s’attendre. L’exemple vient de haut : les chefs de partis, soudés dans l’adversité, parlant d’une seule voix, nous proposent depuis quelques semaines une vision que beaucoup de citoyens du monde doivent nous envier. La joute politique reprendra et, à ce que je lis, c’est pour bientôt. S’il est souhaitable qu’elle revive – l’exercice de nos droits démocratiques en dépend – le ton du débat s’en trouvera certainement modifié.

On dit qu’après cette crise de la COVID-19, rien ne sera plus pareil. C’est sans doute vrai. Mais se pourrait-il que ce soit pour le meilleur ? Nous venons de constater avec effarement notre négligence coupable envers nos aînés. Oui, il faudra repenser le système de santé, nous avons la capacité de nous réinventer, de secouer le système. Oui, il faudra revoir les mécanismes d’échanges commerciaux, oui, il faudra redéfinir le « vivre ensemble ». Nous sommes un peuple d’entrepreneurs. Faisons-le comme nous le faisons souvent, inventons-nous des manières de sortir de cette impasse, de prouver que nous ne sommes plus nés pour un petit pain.

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