Au début de 2020, on s’attendait déjà à beaucoup d’attention sur les élections américaines à venir, et particulièrement sur la lutte à la présidence entre le controversé Donald Trump et son futur adversaire chez les démocrates.

En janvier, Trump a fait face à son procès en destitution (impeachment) – seulement le troisième président de l’histoire des États-Unis à subir ce sort. Dès le départ, on prévoyait que le président serait acquitté grâce à la majorité républicaine au Sénat.

Du côté des démocrates, la course suscitait peu d’enthousiasme. La campagne de l’ancien vice-président Joe Biden avait du plomb dans l’aile. Quant au sénateur du Vermont, Bernie Sanders, il semblait le meneur, mais loin d’être le choix ultime. Les autres candidats en lice traînaient de l’arrière dans la course avec moins de 10 % dans les intentions de vote selon les sondages.

Maintenant que la planète entière se trouve plongée en pleine crise de la COVID-19, la course à la présidence est loin d’être la préoccupation des médias et de la population des États-Unis. Malgré tout, la Constitution américaine prévoit l’élection du président en novembre 2020, et la campagne électorale va graduellement s’immiscer dans les nouvelles relatives au coronavirus et à la crise économique qui en découle.

L’allure de la campagne s’est largement transformée depuis. Trump est passé à travers son procès en destitution au Sénat. Début février, avec une économie en pleine croissance, tout permettait de croire que le président Trump détenait l’avantage sur un éventuel opposant. Il faut rappeler qu’une économie prospère dans un premier terme présidentiel constitue toujours un avantage pour un président sortant. Mais le contexte économique n’est plus le même.

Mars fut marqué par la remontée spectaculaire de Joe Biden qui a remporté une série de primaires qui lui ont assuré une avance confortable auprès des délégués choisis. Même si la course n’est pas officiellement terminée, la nomination de Biden en tant que futur adversaire de Trump en novembre est en voie de se réaliser.

La crise éclate

Même si la menace du coronavirus était bien connue des autorités à travers la planète depuis la fin de 2019, cette crise de santé publique était particulièrement limitée à la Chine et à quelques pays voisins. Ensuite, l’Iran et l’Italie ont été frappés et la crise a pris une allure mondiale.

Les premières réactions du président Trump en janvier et février minimisaient la crise. Ses premières préoccupations se situaient davantage sur l’impact sur les marchés boursiers.

Le président Trump prétendait même que les démocrates amplifiaient la situation à des fins partisanes. Bref, son administration ne voyait pas l’urgence d’agir à titre préventif. Avec comme résultat qu’on constate aujourd’hui une absence de préparatifs pour faire face à la pandémie aux États-Unis.

Graduellement, le contexte électoral s’est transformé. Les rallyes politiques furent éventuellement annulés, et le dernier débat Biden-Sanders s’est tenu dans un studio de télévision sans audience – une première. Et bien sûr, depuis le début du mois de mars, l’indice du Dow Jones s’est mis à chuter.

Le président Trump prétend aujourd’hui qu’il savait dès le départ que cette crise avait le potentiel d’une pandémie. Et son administration a fait appel à des dispositions de « temps de guerre » (il se déclare wartime president). Ce qui contraste de beaucoup avec ses premières déclarations.

Des plans gouvernementaux de rescousse ont donc été mis graduellement en vigueur. Cela même si aucun expert n’est en mesure de prédire avec certitude la durée et l’impact de cette crise.

Perspectives

La priorité aux États-Unis, comme ailleurs dans le monde, est aujourd’hui la gestion et l’éventuelle sortie de crise, même si la politique partisane continue de jouer un rôle incontournable chez nos voisins du Sud (puisqu’ils sont en pleine année électorale).

Malgré tout, force est d’admettre que certains gouverneurs et maires de grandes villes, peu importe leur parti politique, travaillent de concert, avec beaucoup de doigté et de leadership, pour réconforter leurs concitoyens. Et depuis quelques jours, l’administration Trump met aussi l’épaule à la roue pour une plus grande collaboration.

Par surcroît, le président Trump a changé de ton depuis une semaine. Bon ! Il se fait moins partisan dans ses propos… même s’il reste toujours imprévisible et qu’il attaque parfois ses critiques en pleine conférence de presse et par le biais des médias sociaux.

Trump s’aventure aussi à faire des déclarations publiques sur des traitements potentiels contre la COVID-19 et des médicaments en voie de développement, propos qui sont parfois contredits par des experts en place, dont le réputé Dr Anthony Fauci (dirigeant du National Institute of Health). Cela ne fait qu’ajouter à la confusion et à l’anxiété des Américains.

Il est encore trop tôt pour se lancer dans des prédictions pour le 3 novembre prochain. Mais force est de constater que les perspectives de victoire électorale de Trump sont moins certaines qu’au début de 2020. Certes, sa base électorale lui reste fidèle et le peuple américain a une tendance naturelle à se serrer les coudes en temps de crise. Mais la crise est loin d’être terminée et l’économie se détériore de jour en jour.

Alors que les hôpitaux américains se remplissent et que les équipements essentiels aux travailleurs de la santé sont déficients, l’administration Trump sera davantage interpellée. Bref, si la crise perdure comme on s’y attend, on peut prévoir que la prochaine élection présidentielle constituera en grande partie un référendum sur la performance de Donald Trump à traverser celle-ci.

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