Peut-on encore enseigner les œuvres du marquis de Sade, de Georges Bataille, de Charles Bukowski ou de Gabriel Matzneff en toute impunité aujourd’hui ?

Peut-on analyser en classe les films de Woody Allen, de Claude Jutra ou de Roman Polanski, pour ne nommer que ceux-là ?

Depuis le début de la vague de dénonciations d’agressions sexuelles et de harcèlement, des États-Unis au Québec en passant par la France, les mentalités changent et l’évaluation de la moralité de certains gestes ou de certains propos s’est modifiée.

Les œuvres d’art n’échappent pas à cette révision de l’acceptabilité d’idées véhiculées par les créateurs. Et la vie des artistes est aujourd’hui soumise à un examen attentif de leurs comportements.

On en vient même à s’interroger sur la pertinence de présenter en classe un film comme Orange mécanique dont le contenu peut choquer par ses scènes de viols collectifs montrées de façon complaisante, selon certains élèves, depuis deux ans.

On n’a pas fini de mesurer l’ampleur du bouleversement social du mouvement #metoo en Occident.

Notre sensibilité aux attitudes, aux gestes et aux propos dégradants augmente notre vigilance à leur endroit, ce qui permet de les dénoncer.

Désormais, on ne peut plus se cacher derrière les paravents de la tradition, des mœurs ou encore du prestige des auteurs afin d’excuser les comportements déplacés dans la société ou à travers les œuvres d’art.

Faut-il censurer et ne plus enseigner, comme certains le proposent, les créations jugées non conformes aux valeurs de la société ? Devrait-on plutôt, comme le suggère Vanessa Springora, l’autrice du livre-choc Le consentement, continuer de montrer et d’analyser les œuvres litigieuses en soulignant les éléments biographiques et historiques qui expliquent en partie les idées qu’elles véhiculent ?

Quoi qu’il en soit, depuis #metoo, nous ne sommes plus innocents. Et c’est tant mieux pour nous tous en tant que société. Notre système d’éducation devra en tenir compte maintenant.

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