En politique, ne sois pas ambitieuse.

Les femmes qui ont de l’ambition dans leur vie professionnelle ont-elles leur place en politique ? Parce qu’on est en 2019, je suis d’avis que l’on ne devrait pas avoir à se poser telle question. Et pourtant.

La façon dont on traite, dans les médias, de la candidature de Gertrude Bourdon, en lice pour le Parti libéral du Québec dans la circonscription de Jean-Talon à Québec, est d’autant plus aberrante qu’elle est empreinte de misogynie, sinon d’antiféminisme.

Des journalistes et des analystes politiques n’hésitent pas à la dépeindre comme une vulgaire butineuse de partis, opportuniste et ambitieuse. Être tenace et audacieuse, est-ce un tort ?

Parce qu’elle s’est montrée d’emblée confiante et résolue à relever de grands défis, y compris au sein d’un cabinet ministériel, sans avoir fait ses classes en politique, elle n’aurait pas le droit de briguer de nouveau les suffrages un an plus tard ?

Il n’est pas étonnant qu’en 2018, autant la CAQ que le PLQ aient souhaité attirer dans leurs rangs quelqu’un de la trempe de Gertrude Bourdon, dont le curriculum vitæ est plus que reluisant ! Elle a dit non à la CAQ et François Legault s’est montré mesquin envers elle en faisant rendre public un texto « incriminant » ; rarement a-t-on été témoin d’un geste aussi bas en pleine campagne électorale.

Comme bien des hommes de valeur, Gertrude Bourdon, au faîte de sa carrière et non en manque de défis, a cédé à la tentation de l’aventure politique. Elle a soupesé le pour et le contre d’une décision quant à savoir avec quel des deux partis se lancer. Et quand le PLQ était même prêt à la présenter en tant que future ministre de la Santé, pourquoi aurait-elle dissimulé son désir ardent de relever un tel défi, compte tenu de son savoir et de son savoir-faire ? Parce qu’elle est une femme et qu’une femme en politique ne doit faire preuve ni d’audace ni d’ambition ?

Et la voilà, maintenant, qui jure d’avoir changé, d’avoir compris de « ses erreurs », mais pourquoi ? Toute sa carrière, elle s’est mise au service des patients et de ses collègues soignants !

Elle a été à l’écoute, altruiste, a gravi les échelons en gardant les pieds sur terre, et elle serait une carriériste narcissique ?

Nous vivons encore dans un monde où les femmes qui œuvrent en politique sont la cible d’insultes, d’invectives et de menaces, et où les femmes prêtes à quitter une carrière fructueuse pour faire leur place en politique sont écorchées parce qu’elles ne se tiennent pas assez les pieds par en dedans comme un mannequin de haute couture !

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