« Un réchauffement de 2 degrés pourrait activer d’importants éléments de rupture, augmentant ainsi encore davantage la température, ce qui pourrait activer d’autres éléments de rupture par un effet domino qui pourrait entraîner la Terre vers des températures encore plus élevées », peut-on lire dans une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences en août 2018.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je lis ces lignes, je suis tétanisée. Je souhaiterais les lire dans un roman et me rassurer en pensant que tout ceci est fictif, mais c’est notre réalité : nous sommes ici et maintenant à décider du sort de notre civilisation. 

Je suis d’autant moins rassurée que je n’ai pas l’impression de décider de grand-chose en ce moment. Tout ce que je veux que notre société entreprenne de façon urgente et radicale ne se produit pas : atteindre les cibles de réduction des émissions de carbone du GIEC, transformer en profondeur le secteur des transports, sortir des énergies fossiles, etc.

Avec un mot comme « radical », c’est sûr que je vais en faire sourciller plusieurs, mais selon le Larousse, radical signifie entre autres « qui vise à atteindre quelque chose dans ses causes profondes ».

C’est bien d’un changement radical que nous parlons pour ne pas accentuer les conséquences désastreuses des changements climatiques.

Les décideurs politiques ont du mal à tenir compte des prévisions ; c’est pourquoi une étude comme le rapport Charney, commandé par la Maison-Blanche et publié en 1979, est tombée dans l’oubli alors que ses auteurs avertissaient qu’il ne fallait pas attendre les premiers effets du réchauffement avant d’agir, et ce, en raison de l’inertie du système.

Si un parti politique comme celui des conservateurs, qui proposent un corridor énergétique transcanadien, est sérieusement dans la course pour accéder à la tête du Canada à la veille de 2020, la même année où le GIEC suggère de diminuer de façon draconienne les émissions de carbone, c’est que ça va plus mal que l’on pensait.

Ce n’est plus une minorité qui s’éveille et veut inverser la tendance du réchauffement climatique. En Occident, je me plais à croire que nous serons bientôt la grande majorité. Mais il y a toujours une poignée, toujours LA même poignée de capitalistes suprémacistes qui dominent le monde et nos pensées. Car nous pouvons avoir l’illusion d’être maîtres de nos décisions, de nos idées, de nos votes et de notre consommation, nous sommes surtout endettés, hypothéqués, retraités, médicamentés, intimidés, paralysés, endoctrinés, bluffés, stressés, « lobbytisés »…

Cependant, imputer la faute à chaque individu, c’est un supplément au poids de l’insécurité quotidienne de la majorité des êtres humains. Que cette insécurité soit fondée ou non, causée par les finances, la santé, la guerre, l’exclusion ou encore les changements climatiques, elle est réelle. Chaque individu ne peut penser (comme LA poignée souhaiterait culpabiliser chacun) qu’il peut porter seul le poids d’un ensemble beaucoup plus grand et complexe que lui.

Mais tous les individus, ensemble, soutenus par la science, peuvent changer le système.

De la science

La science n’est pas partisane, mais elle nous a toujours servi. Que ce soit pour expliquer notre univers, faire voler des avions, des fusées dans l’espace, comprendre et guérir le corps ou notre esprit, les autres êtres vivants ou encore les océans, etc. La science est le ciment qui a permis de bâtir et de comprendre notre monde tel qu’il est. 

La puissance des prédictions scientifiques n’est plus à démontrer et depuis le dépôt du rapport Charney, rien dans toutes les connaissances acquises depuis 40 ans n’est venu contredire ses conclusions quant aux prédictions pour la civilisation humaine face au réchauffement de la planète.

Les articles scientifiques ne sont pas des romans de science-fiction. La Terre étuve n’est pas une chimère.

Les mesures scientifiques sont complexes, mais le verdict est unanime : le réchauffement a commencé et il va s’intensifier avec des conséquences dramatiques pour notre civilisation si nous ne faisons rien.

Ne pas agir est un choix que nous regretterons, car toutes nos actions et nos décisions sont critiques, et nous devons nous informer, être vigilants face à ce qu’il est possible de faire (ou ne pas faire) et redoubler d’efforts. Pas chacun isolé dans son cocon, mais ensemble, nous disposons de la force et des moyens d’y parvenir.

Vers le 21 octobre

Les élections qui approchent sont une démonstration de ce que nous pouvons décider collectivement pendant un moment historique. Le parti politique qui va être élu dans quelques jours représentera notre volonté de réduire radicalement notre impact environnemental non seulement localement, mais mondialement. Notre vote du 21 octobre prochain constitue une des décisions charnières que l’on peut prendre pour la planète et pour tous les humains.

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