Je me souviens d’avoir vu une statistique il y a quelques années selon laquelle 25 % des ménages avec enfant dans l’arrondissement de Ville-Marie vivaient dans un appartement d’une seule chambre ou dans un studio.

Je savais que le logement constituait un gros problème ; j’avais entendu mes concitoyens parler des difficultés qu’ils vivaient. Je les avais entendus parler de devoir choisir parfois entre bien se loger et bien se nourrir. Mais la statistique m’avait quand même profondément choquée.

Tout le monde a droit à un lieu sécuritaire et abordable pour se loger. C’est une question de justice, mais aussi de bien-être collectif. Être bien logé, c’est avoir plus de chance d’être en santé, c’est bâtir un meilleur avenir pour les enfants et un lieu de vie sain pour les personnes de tout âge, notamment les aînés.

Or, pour de trop nombreuses familles, les logements sécuritaires et abordables sont de plus en plus hors de portée, en raison de la montée en flèche des loyers, du prix des maisons et des expulsions pour « rénovations ». 

Le Canada vit présentement une crise du logement qui touche toutes les régions du pays : les loyers moyens ont augmenté dans toutes les provinces l’an dernier. À plusieurs endroits, on constate une flambée du prix des maisons et 1,7 million de ménages canadiens consacrent aujourd’hui plus de 30 % de leur revenu au logement.

L’impossibilité pour plusieurs de se loger près de leur lieu de travail implique aussi de plus longs déplacements, ce qui a un impact important sur l’étalement urbain, le transport, l’environnement, en plus de la santé et de la qualité de vie des personnes. Dans certaines grandes villes, on rencontre des problèmes de recrutement à cause des difficultés à se loger adéquatement à une distance raisonnable du lieu de travail.

C’est un enjeu majeur qui nous touche tous au quotidien, sur lequel les trois ordres de gouvernement doivent travailler ensemble. J’aurais aimé qu’on en parle plus pendant la campagne.

J’aurais aimé que tous s’engagent sur un certain nombre de solutions et sur des mesures à la fois concrètes et audacieuses, comme celle du NPD, qui propose un investissement fédéral de 5 milliards en fonds additionnels pour le logement dans la première année et demie du prochain gouvernement (à peu près le prix d’un vieux pipeline et le tiers de ce qu’il coûtera une fois agrandi), et la création de 500 000 logements sociaux et abordables de qualité au cours des 10 prochaines années, dont la moitié en cinq ans.

Le gouvernement Trudeau a bien proposé un plan d’action il y a quelques années, mais en prévoyant dépenser plus de 90 % des fonds alloués après 2019. Une telle mesure toucherait une partie importante de la population : une personne sur trois est locataire au Canada et près d’une sur deux à Montréal (44 %). Pour le Québec, cette proportion est de 38,7 %, selon les données de recensement de 2016.

Bien des gens rêvent aussi de devenir propriétaires. Mais, souvent, l’accès à la propriété n’est que cela, un rêve, à cause de la montée en flèche du prix des maisons.

Et ici aussi, le fédéral a un rôle à jouer. On peut par exemple réduire la spéculation qui alimente cette flambée en instaurant une taxe pour les acheteurs étrangers sur la vente de maisons à des particuliers qui ne sont ni citoyens canadiens ni résidents permanents et, en collaboration avec les provinces, s’attaquer au blanchiment d’argent qui alimente le crime organisé et, lui aussi, fait monter le prix des maisons.

Voilà des mesures que j’aimerais voir notre prochain gouvernement mettre en œuvre, réellement. Et aussi des mesures de rénovation domiciliaire écoénergétiques qui peuvent contribuer à réduire le coût du logement, créer des emplois et, enfin, protéger à la fois notre toit… et notre Terre !

* Députée fédérale néo-démocrate depuis 2011, Hélène Laverdière ne se représente pas aux élections fédérales de 2019.

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