Avec tout ce qui se passe en ce moment, on parle moins de la question des migrants. Pourtant, les tragédies se poursuivent, que ce soit en Méditerranée, à la frontière américaine ou ailleurs.

Et la situation ne risque pas de s’améliorer bientôt. Bien entendu, le Canada, pays riche et prospère, doit se doter de systèmes adaptés pour faire face à cette crise et traiter les gens qui cherchent asile chez nous de manière adéquate.

Mais, au-delà de l’accueil, il faut aussi s’arrêter à ce qui pousse ces gens à quitter leur pays, leur milieu, leur famille et leurs amis, tout ce qu’ils ont connu depuis leur enfance, à tout laisser derrière pour tenter de trouver refuge, trop souvent au péril de leur vie, au Canada, en Europe ou ailleurs. On le sait. Ils fuient la misère, la violence, la guerre, la persécution, les catastrophes. Si l’on veut s’attaquer au problème, c’est à ces défis qu’il faut répondre.

Cela commence par l’aide au développement pour diminuer la misère, mais aussi pour favoriser la bonne gouvernance et le développement des institutions démocratiques.

Mais que font nos gouvernements, tant libéraux que conservateurs, depuis des décennies ? Ils sabrent. Le Canada est maintenant un cancre en matière d’aide au développement.

Comme tous les pays développés, le Canada s’est engagé à consacrer 0,7 % de son revenu national brut à l’aide internationale. Et pourtant, à la suite des décisions prises par les divers gouvernements depuis plus de 20 ans, nous sommes tombés à 0,26 %. Pendant ce temps, un pays comme la Norvège, un des candidats auxquels le Canada fait face pour un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, y consacre 1,1 %. Ils ont compris, eux, que pour avoir de l’influence sur la scène internationale, il ne s’agit pas seulement de parler. Il faut agir. Et qu’un monde plus stable est aussi à leur avantage, et au nôtre.

Il faut commencer dès maintenant à augmenter l’aide internationale (qui ne représente après tout que 2 % du budget de l’État) selon un échéancier qui nous permettrait d’arriver d’ici 10 ans à l’objectif de 0,7 % du revenu national brut auquel nous nous sommes engagés internationalement. 

Andrew Scheer, lui, nous promet maintenant de diminuer notre contribution. Il préfère évidemment faire payer les plus démunis plutôt que de s’assurer que les nantis paient leur juste part. Et les libéraux continuent de dire que c’est tellement important, tout en ne faisant rien ou trop peu.

Les changements climatiques

Il faut aussi lutter contre les changements climatiques qui ne vont qu’exacerber les catastrophes naturelles, les conflits, la misère. Déjà, on constate un nombre croissant de migrations dues aux changements climatiques, et le nombre de migrants pourrait atteindre des centaines de millions au milieu du siècle.

Que ferons-nous avec toutes ces personnes dont le pays ou le gagne-pain sera détruit ? Il faut une réponse ambitieuse et efficace.

Ceux qui auront lu mon texte de la semaine dernière sauront où je crois qu’elle réside.

Répression et guerres

Les gens fuient aussi la violence, la répression et les guerres. Que faire ? L’aide au développement est une partie de la solution. Mais il faut aussi agir directement sur l’enjeu même. Par exemple, arrêter de vendre des armes à des régimes qui abusent des droits de la personne et oppriment leur population.

La vente de blindés à l’Arabie saoudite, concoctée par les conservateurs et approuvée par les libéraux, n’est malheureusement qu’un seul exemple de ce que ces gouvernements successifs ont fait en cette matière. Encore là, mes collègues du NPD et moi avons demandé à je ne sais combien de reprises que le gouvernement Trudeau suspende cette vente. Tout ce qu’il a accepté de faire est d’entreprendre une « revue », qui dure depuis près d’un an maintenant et dont nous n’avons toujours pas les résultats.

Il faut aussi participer activement à la prévention et la résolution des conflits, dont le maintien de la paix.

Sous les conservateurs, la contribution du Canada en termes de Casques bleus déployés à l’étranger est tombée au même niveau que celle des îles Fidji. Et pourtant, il s’agit de quelque chose dont les Canadiens sont si fiers !

Et quand Justin Trudeau est arrivé au pouvoir, il a déclaré en grande pompe que le Canada était de retour, et promis que le Canada fournirait 600 Casques bleus et 150 policiers pour contribuer à l’effort international. Après des années d’attente et de frustration du côté de nos alliés, nous en avons offert 200 pour une courte période, et les avons retirés avant même que leur remplacement soit arrivé (à la grande frustration de nos alliés, encore une fois).

L’idée des Casques bleus est venue de l’ancien premier ministre canadien Lester B. Pearson, qui a ainsi reçu le prix Nobel de la paix. C’est également lui qui a présidé la commission internationale qui a suggéré l’objectif de 0,7 % pour l’aide internationale. Le pauvre homme doit se retourner dans sa tombe en voyant ce que les récents gouvernements libéraux et conservateurs ont fait. Mais le NPD défend son héritage, et plus.

* Députée fédérale néo-démocrate depuis 2011, Hélène Laverdière ne se représente pas aux élections fédérales de 2019.

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