Chaque parti proposera aux Québécois et aux Québécoises une plateforme électorale afin qu’ils puissent décider qui est en mesure de mieux les représenter au Parlement.

Cet exercice est essentiel en démocratie, car l’essence même de la démocratie est de donner à des femmes et à des hommes le pouvoir de s’exprimer et de voter en notre nom. Il n’y a pas de véritable démocratie sans opposition.

Certains candidats et candidates des partis fédéralistes diront que le Bloc québécois est inutile, car il ne sera jamais au pouvoir. Voilà non seulement une affirmation qui nie la démocratie, mais qui démontre également l’incohérence de ceux qui avancent de tels propos, car, rappelons-le, un seul parti terminera au premier rang et, conséquemment, ceux qui seront élus sous une autre enseigne devraient démissionner, car selon leur propre raisonnement, ils seraient inutiles !

Des décisions majeures sont prises à Ottawa

L’économie

Les Québécois devront examiner attentivement les propositions de chaque parti afin de voir qui défend le mieux leurs intérêts.

Y a-t-il un seul parti, à part le Bloc, qui en tout temps a défendu la gestion de l’offre et l’industrie du bois d’œuvre ?

Les deux seuls partis susceptibles de terminer premier, le PLC et le PCC, refusent d’imposer la TPS à l’industrie numérique. Qui est le mieux placé pour démontrer que le Québec, lui, impose la TVQ aux géants du web ?

Qui peut, sans se soucier des votes perdus dans le reste du Canada, exiger des investissements dans l’économie de l’avenir, celle liant l’environnement au développement économique, plutôt que d’investir dans le pétrole et l’industrie automobile ?

La langue

En cette année du 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles, nous constatons que les francophones représentaient 32 % de la population en 1951 et qu’aujourd’hui, ils ne sont que 21 %.

Nous constatons également que le taux d’assimilation est de 70 % dans l’Ouest canadien, de 58 % dans trois des provinces atlantiques (il est de 12 % au Nouveau-Brunswick) et de 45 % en Ontario. Les différents gouvernements fédéraux n’ont jamais fait appliquer rigoureusement cette loi.

Le Bloc a proposé que les entreprises sous autorité fédérale (les banques, la radiodiffusion, la télévision et la téléphonie, les entreprises de transport aérien, maritime et ferroviaire, etc.) soient soumises à la loi 101. Y a-t-il un autre parti qui appuiera cette proposition ?

Le respect des décisions de l’Assemblée nationale du Québec

L’Assemblée nationale du Québec a adopté unanimement une motion en mars 2019 appuyant la loi 99, qui fut votée en 1999, accordant au Québec le droit de décider de son propre avenir. Pourtant, le gouvernement libéral a déposé un mémoire devant la Cour suprême rédigé en anglais seulement contestant cette loi. Y a-t-il un autre parti à Ottawa qui appuiera la position du Québec et dénoncera le gouvernement de Justin Trudeau ?

Le Bloc a clairement affirmé que le gouvernement fédéral ne doit pas contester les décisions de l’Assemblée nationale du Québec devant les tribunaux.

Les partis fédéralistes s’engagent-ils tous à ne pas contester la loi portant sur la laïcité de l’État ?

L’environnement

L’environnement sera au cœur des débats lors de cette campagne. Il faudra exiger que les partis ne jouent pas sur les deux tableaux comme le fait Justin Trudeau en se faisant le grand défenseur de l’environnement à l’international, tout en achetant l’oléoduc Trans Mountain ! Les verts, quant à eux, jouent aux vertueux tout en demandant aux Québécois d’acheter en priorité le pétrole des sables bitumineux.

Il importe que tous les partis s’engagent à respecter la décision du Québec qui s’oppose au passage de l’oléoduc Énergie Est, car cet oléoduc transporte du pétrole des sables bitumineux qui n’est ni raffiné ni consommé au Québec et, conséquemment, ne réduit aucunement le nombre de wagons circulant sur le territoire du Québec.

Les partis devraient également s’engager à ce qu’aucun projet de développement industriel ne puisse voir le jour à moins d’avoir obtenu le feu vert environnemental. Cela signifie qu’au Québec, c’est le BAPE qui doit prendre la décision et non un organisme fédéral. Les autres partis appuieront-ils cette position du Bloc québécois ?

Exiger la clarté

En tout temps, nous avons le devoir citoyen d’exiger que les candidates et les candidats de tous les partis fassent preuve de clarté. Nous pouvons en démocratie appuyer une idée ou la contester, mais pour cela, il faut savoir ce que les différents partis proposent. La question du droit à l’avortement en est un bon exemple.

Chaque parti doit nous dire s’il prend position dans sa plateforme électorale sur cette question. Une telle attitude témoigne du respect que tous les partis doivent avoir envers les citoyennes et les citoyens.

* Chef du Bloc québécois de 1997 à 2011, Gilles Duceppe a été député fédéral pendant 21 ans. 

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion