Les récentes inondations ont amené leur lot de critiques à l’endroit du manque de vision collective en matière d’aménagement du territoire et vis-à-vis des mécanismes de planification pour faire face aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques. En fait, ce genre de tragédie souligne les limites de nos outils de gestion et de nos plans d’intervention, mais aussi, dans une certaine mesure, notre méconnaissance de nos propres milieux de vie.

Dans un tel contexte, l’Ordre des urbanistes du Québec (OUQ) souhaite prendre acte de la situation et entend dorénavant jouer un rôle prépondérant et intervenir activement sur la scène publique afin de formuler de nouvelles solutions visant une meilleure résilience de nos habitats, même si, pour y arriver, il sera sans doute nécessaire de revoir en profondeur nos façons de faire. Plus, à défaut de pouvoir dépolitiser pour le moment les débats et décisions entourant l’aménagement du territoire, l’OUQ s’engage, en vertu de sa mission de protection du public et à la hauteur de ses capacités, à désormais sonner l’alarme lorsqu’une décision urbanistique va à l’encontre des bonnes pratiques.

Car si les dérèglements climatiques complexifient grandement le travail des équipes sur le terrain, il apparaît évident aujourd’hui — alors que de nombreux ménages regagnent tout juste leur chez-eux inondé — que les limites de notre système de planification territoriale sont atteintes. 

Les bonnes pratiques, nous en sommes conscients, seront amenées à évoluer au cours des années à venir, en fonction des spécificités des milieux et à mesure que les impacts des changements climatiques se feront sentir.

On peut penser à celles entourant la densification et la gestion des eaux, par exemple, ou la protection des milieux humides et des terres agricoles. Qu’à cela ne tienne, elles devront dorénavant toujours être arrimées aux principes de durabilité, portées par cette idée que le territoire est une ressource d’intérêt public, limitée, fragile et irremplaçable.

Il ne faut toutefois pas oublier que les urbanistes agissent à titre de conseillers, leurs analyses et propositions servant aux élus à prendre des décisions éclairées. Alors que les répercussions des changements climatiques se font et se feront de plus en plus importantes, il nous apparaît donc essentiel que les décideurs s’appuient davantage sur la science et les expertises professionnelles d’équipes pluridisciplinaires. Nous devons, de part et d’autre, apprendre à collaborer plus étroitement, tant pour le bien de nos concitoyens que du territoire que l’on habite.

En contrepartie, l’OUQ s’engage à demeurer alerte dans l’optique de poursuivre et consolider le développement professionnel de ses membres, afin que ces derniers soient à même d’intégrer dans leurs analyses et recommandations quotidiennes les plus récentes connaissances en lien avec les bouleversements environnementaux. 

Car force est de constater que nos dirigeants, épaulés dans leurs prises de décisions par les professionnels de l’aménagement — tous corps de métier confondus —, devront faire preuve de créativité et de résilience pour mettre en place des outils efficaces pour faire face aux nombreux défis de demain. 

Pour y arriver, il s’avérera probablement nécessaire de réviser certains d’entre eux. On peut penser ici au pacte fiscal unissant les municipalités au gouvernement du Québec ou aux mécanismes de protection des zones inondables. Il s’agira, dans la même veine, de s’inspirer des meilleures pratiques utilisées à l’étranger, quitte à remettre en question nos propres manières de faire.

Et au risque de se répéter, il nous apparaît clair que la tenue d’un sommet sur l’aménagement du territoire en vue de l’adoption d’une politique nationale n’a sans doute jamais été aussi pertinente alors que d’importants efforts de reconstruction devront être déployés dans les mois à venir dans des dizaines de municipalités aux quatre coins du Québec. Il en va de la pérennité de nos milieux de vie actuels, mais également de l’avenir de ceux qu’habiteront les générations qui viendront après nous.

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