Le projet de loi 21 sur la laïcité provoque un débat difficile entre les tenants de la primauté des droits de la personne et les tenants du droit des Québécois de protéger leur identité en tant que collectivité.

Ce sont des droits qui, compte tenu de leur caractère fondamental, ne se prêtent pas à des compromis. Nous sommes en conséquence en présence d’un affrontement entre des droits de nature opposée.

Aussi, tant que le débat se poursuit au sujet des principes, il ne peut que conduire à la polarisation, aux dérapages et à l’impasse. C’est d’ailleurs ce qui se produit depuis le dépôt du projet de loi. Il faut reconnaître que la question n’est pas simple.

En premier lieu, bien que tout permette de croire qu’il existe une majorité favorable au projet de loi, nous sommes loin d’un consensus.

En effet, nombre de citoyens, particulièrement de Montréal qui accueille la masse des immigrants, sont en désaccord.

De plus, il existe plus d’une façon de voir ce que représentent les signes religieux pour les musulmans, notamment au sujet du port du voile, point central du débat en cours. Alors que certains voient le voile comme un symbole d’ouverture et de liberté pour les femmes, d’autres le voient comme un symbole lié à la montée de l’islamisme, un symbole de soumission et même d’asservissement.

Droits de la personne

Les droits de la personne ont un caractère fondamental et quasi sacré. Ils ont été enchâssés dans la Charte internationale des droits de l’homme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et, par la suite, dans les chartes de nombreux pays. En France, ils constituent la pièce maîtresse de la grande révolution de 1789. Au Canada, les droits de la personne sont énoncés depuis 1982 dans la Charte canadienne des droits et libertés.

Toutefois, il faut noter que cette charte fait partie de la Loi constitutionnelle qui fut adoptée en 1982 sans l’accord du Québec. De plus, la charte canadienne, qui consacre le multiculturalisme et la primauté des droits de la personne, ignore totalement la notion de droit collectif. Et ce n’est pas Justin Trudeau qui va remettre en cause le multiculturalisme, ce cadeau de Grec de son père.

Or, la société québécoise est nettement minoritaire dans l’univers anglophone nord-américain et le caractère distinct de sa langue et de sa culture doit de toute évidence être protégé.

Notre histoire à cet égard au sein du Canada anglophone ne laisse aucun doute à ce sujet. De plus, ce qui m’étonne, c’est de constater que ceux qui s’opposent au projet de loi 21 ne tiennent aucunement compte du fait que la société québécoise est minoritaire au sein du Canada. Pour eux, c’est comme si le multiculturalisme n’existait pas.

Cette situation fait l’objet d’un débat qui dure depuis plus de 10 ans au Québec. Dans le but d’y mettre fin, le nouveau gouvernement démocratiquement élu propose dans le projet de loi de réaffirmer la séparation entre l’État et les religions et de limiter le port des signes religieux par les personnes qui exercent des positions d’autorité dans l’appareil gouvernemental. Une défense d’une portée limitée qui laisse l’entière liberté à ces personnes en dehors de l’exercice de leurs fonctions. Ce qui apparaît tout à fait modéré et raisonnable.

La démocratie, un privilège

Certaines personnes, particulièrement des femmes de religion musulmane, déclarent leur refus d’accepter ce choix démocratique conforme à notre culture et notre façon traditionnelle de vivre ensemble. Certaines vont même jusqu’à affirmer que personne ne les forcera à enlever leur voile.

Pour la plupart, ces personnes sont venues librement au Québec de pays sans tradition démocratique. Elles ne réalisent évidemment pas que ce genre de langage n’est pas acceptable en démocratie. Que la démocratie constitue la formidable conquête des humains sur l’anarchie et l’esclavage. Qu’il s’agit d’un privilège que de vivre dans une société démocratique. Une société qui ne limite aucunement, contrairement à leurs pays d’origine, leur liberté d’aller vivre ailleurs.

Pour ma part, je crois que le projet de loi 21 doit être adopté par l’Assemblée nationale.

Toutefois, je crois que la menace du bâillon et la présence de la disposition de dérogation devraient être retirées, car elles me semblent confirmer, pour un profane comme moi, le non-respect de certains droits et libertés.

Enfin, compte tenu du fait que le projet de loi implique des droits fondamentaux, il me semble essentiel que le processus de son adoption par l’Assemblée nationale ne soit pas écourté et que chacun puisse se faire entendre. Même si cela signifie un empiétement sur les vacances d’été des députés.

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