Monique Leyrac est morte. D’autres qui l’ont connue bien plus que moi lui rendront les hommages qu’elle mérite.

Je l’ai rencontrée à peine deux fois. La première fois, de manière virtuelle. Claude Lamarche, mon prof de Méthode – 10e année pour ceux qui n’ont pas connu le classique – et sa femme Huguette nous avaient invités à souper, mon ami François Bouvier et moi. Ils nous avaient fait entendre le disque de Mme Leyrac où elle chantait Vigneault et Léveillée.

J’avais décidé ce soir-là qu’un jour, j’écrirais des chansons assez belles pour qu’une artiste comme elle les chante. J’espère lui avoir fait honneur.

La deuxième fois, c’était en chair et en os. Nous siégions ensemble dans un jury. Elle était belle, hiératique comme une reine égyptienne, bien sûr plus vieille que moi, tranchante dans ses opinions, et elle fumait avec un porte-cigarette. 

Je lui avais raconté en bafouillant comment je lui devais tout. Elle avait acquiescé en silence et en souriant. Je n’avais bien sûr pas avec moi un disque qu’elle aurait pu dédicacer.

Peu importe : elle avait déjà avec sa voix incomparable tracé depuis longtemps son nom sur mon cœur.

J’ai quelque part à la maison un double CD de ses meilleures chansons. Sur la pochette, une photo d’elle : magnifique et triomphante. Sans doute une photo prise alors qu’elle venait de briller au festival de Sopot avec sa légendaire interprétation de Mon pays.

À son retour, on avait rapidement organisé un spectacle autour d’elle. Je pourrai dire à mes filles que j’y étais. Et je pourrai leur dire aussi que c’est en partie à cause d’elle que je suis le parolier que je suis. Merci beaucoup, madame.

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