En cette période électorale, ne nous laissons pas distraire : l’urgence climatique et la transition rapide vers les énergies renouvelables doivent être la « question de l’urne ».

Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est encore possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, mais seulement si des changements rapides s’opèrent d’ici 2020. C’est pourquoi se tenait plus tôt cette semaine à New York le Sommet Action Climat 2019 des Nations unies avec l’ambition de démontrer davantage de leadership en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES).

Ce sont la vie, la sécurité, la santé de centaines de millions de personnes qui sont menacées en ce moment même. Et c’est le droit de nos enfants à vivre dans un environnement sain qui est remis en cause.

Ce qui était autrefois considéré comme un réchauffement catastrophique apparaît désormais comme le meilleur scénario envisageable. Ou le moins pire.

Il est donc impératif d’exiger non seulement de nos gouvernements, mais également des entreprises d’énergie fossile qu’ils assument leurs responsabilités. C’est ce que Greta Thunberg et des millions de jeunes un peu partout dans le monde font, avec une grande lucidité. Qu’en est-il de nos gouvernements provinciaux et fédéral ?

Le 25 juin dernier, le rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté a déposé son rapport où il expose clairement comment le réchauffement planétaire met en péril non seulement les droits fondamentaux à la vie, à l’eau, à la nourriture et au logement pour des centaines de millions de personnes, mais également la démocratie et l’État de droit.

Il évoque des mesures « manifestement inadéquates » et « totalement disproportionnées par rapport à l’urgence et à l’ampleur de la menace » prises par l’ONU elle-même, les pays, les ONG et les entreprises. Autrement dit, ce ne sont plus seulement les ours polaires qui sont menacés d’extinction, mais bien des êtres humains, sur tous les continents, et les plus jeunes d’entre nous s’apprêtent à faire les frais de notre inaction.

De la pauvreté à l’exode

Déjà, des communautés entières, des pays, des régions, des continents sont aux prises avec de violentes intempéries et la destruction, année après année, de leurs récoltes, tandis que le bétail meurt et les ressources en poisson s’amenuisent. Cela provoque de nouvelles formes d’extrême pauvreté et crée des tensions, des conflits nationaux, lesquels provoquent à leur tour des exodes vers les pays limitrophes, puis vers l’Europe, les États-Unis, voire le Québec et le Canada.

Les changements climatiques menacent d’annuler les progrès accomplis ces 50 dernières années en matière de développement, de santé mondiale et de réduction de la pauvreté.

Cet assaut sur notre planète, les droits de la personne et la jeunesse doit cesser dès maintenant.

Cette semaine doit marquer un tournant, un point de non-retour dans notre mobilisation.

Voilà pourquoi tant les organisations environnementales que les organisations de droits de la personne appuient le mouvement Fridays for Future et le mouvement de grève mondiale pour le climat. Amnistie internationale et la Fondation Suzuki feront grève demain et marcheront aux côtés de Greta Thunberg et des centaines de milliers de jeunes Québécois.

Dans une lettre adressée aux responsables des écoles au Québec et au Canada, le secrétaire général d’Amnistie internationale, Kumi Naidoo, demande de ne pas empêcher les élèves de prendre part aux journées de grève mondiale ni de les sanctionner : « Pour cette génération, l’urgence climatique est la question des droits de la personne primordiale. Ses conséquences façonneront tous les aspects imaginables de leurs vies. L’inaction de la plupart des gouvernements en dépit des preuves scientifiques accablantes est sans doute la plus grave violation intergénérationnelle des droits de la personne de toute l’histoire. »

David Suzuki invite aussi la population à manifester le 27 septembre : « Montréal et le Québec seront le cœur de la mobilisation mondiale pour le climat. Le monde entier nous regardera. Nous avons l’occasion de marquer l’histoire. Nous pouvons envoyer un message à la planète entière au nom des jeunes dont l’avenir se joue maintenant. L’urgence climatique doit désormais mobiliser tous nos efforts. La tâche est titanesque, mais tout est encore possible, et nous pouvons trouver l’espoir dans la force du nombre. »

Nous devons changer le cours des choses, en soutenant les jeunes qui se mobilisent, en exigeant de nos dirigeants qu’ils agissent. En en faisant nous-mêmes un enjeu de première importance et en exerçant le 21 octobre notre droit de vote de façon conséquente. Parce que c’est encore possible, mais que demain ce ne le sera plus, c’est maintenant ou jamais.

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