En réponse à l’éditorial de François Cardinal, « Saint-Denis, l’intenable statu quo », publié le 8 juin

Dans La Presse du 8 juin, François Cardinal se dit ahuri de constater que, par la voie de leur Société de développement commercial (SDC rue Saint-Denis), les 250 commerçants de la rue Saint-Denis s’inquiètent du projet de Réseau Express Vélo (REV) annoncé récemment par l’administration municipale et qui remplacera deux des quatre voies de circulation automobile au profit de pistes cyclables de chaque côté de la rue.

Depuis 10 ans, ce secteur a subi des travaux majeurs, enregistré une baisse d’achalandage et assisté à de nombreuses fermetures. Aujourd’hui, en dépit de ses 250 membres-commerçants – dont une vingtaine de nouveaux établissements depuis 2019 –, 25 % de ses 65 000 m2 de superficie marchande (huit terrains de football) demeurent inoccupés.

L’activité commerciale y est encadrée plus strictement qu’ailleurs et par des règles d’un autre âge. 

Vocations, usages, permis, affichage, superficies, stationnements, jusqu’au nombre de chaises ; tout est prescrit dans le moindre détail. Pour stimuler l’initiative et favoriser la relance, une révision de la réglementation est incontournable.

Pour certains, il s’agit de la fin des artères commerciales qui traversent la cité. Pour ceux-là, les commerçants de Saint-Denis devraient simplement renoncer à un rayonnement régional et international et répondre uniquement aux besoins quotidiens du voisinage. 

Une telle transition ne se ferait pas sans heurts : vagues de départs de commerçants, mises à pied, réduction et reconfiguration des espaces commerciaux, alignement de l’offre sur celle des rues voisines ; un bouleversement que freine d’ailleurs la réglementation actuelle. Il faut être bien certain de cette conclusion avant de jeter ce qui a été construit pendant des décennies et qui a attiré tant de visiteurs pendant deux générations.

Quel sera l’effet du projet sur la congestion, l’entretien et le déneigement, les terrasses, la livraison et la réception de marchandises, sur l’occupation, la trame et le mix commercial et, en définitive, sur l’achalandage de la rue l’année durant ? Pour l’instant, ces questions demeurent sans réponse.

Au-delà du territoire de la SDC, ce projet aura une incidence certaine sur les déplacements et l’étalement urbain dans l’ensemble de l’agglomération.

Loin de résister au changement, la SDC veut participer de façon constructive à l’avenir de l’artère et de Montréal.

Elle souhaite collaborer avec l’administration locale pour faire valoir les attraits uniques de la rue Saint-Denis, son accessibilité, son patrimoine bâti, ses boutiques originales, sa vitalité culturelle et pour améliorer la sécurité des passants ; cyclistes et piétons en particulier.

La rue Saint-Denis peut se transformer tout en restant une destination. Ses commerçants veulent s’adapter au contexte du commerce de détail et contribuer à faire du quartier un endroit unique de qualité. Pour y arriver, il faut de la volonté partagée.

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